Opening night est une déclaration d'amour d'un homme à sa femme. En écrivant ce rôle pour Gena, John lui offre une magnifique occasion de montrer son aura exceptionnelle et son talent incommensurable.
Myrtle Gordon, une actrice de théâtre connue et reconnue, célébrée et adulée assiste, à la sortie d'une représentation à la mort accidentelle d'une jeune admiratrice venue l'attendre pour obtenir un regard, un sourire et un autographe de son idole.
Comme dans le reste de son œuvre, toujours en recherche, l'improvisation a la part belle et la notion de troupe prend toute sa dimension ici, une fois de plus.
John nous donne à partager le calvaire d'une star, contrainte de travailler une nouvelle pièce "The second woman" dont les enjeux lui apparaissent de plus en plus odieux et lui renvoient ses propres préoccupations en pleine face : "Cette histoire d'âge m'achève !" s'écrie-telle d'ailleurs en plein milieu d'un répétition. Jetée en pâture aux spectateurs, Gena/Myrtle remet en cause sa propre raison d'être, dévore le film et rend la dernière partie insoutenable. Son entourage (partenaires, producteurs, auteur) se doit de composer avec cette crise existentielle qui la fait toucher au génie mais supportent de moins en moins de ne pas savoir sur quel pied danser, de devoir allégeance au talent de la Dame à ce prix là. John Cassavetes nous dit l'importance du spectacle, de l'illusion, tout en en dénonçant la fragilité. Il ne nous dit d'ailleurs pas dans la dernière partie, ce qui fait partie du jeu, ce qui est improvisé, composé, ce qui ne l'est pas. Dans son rôle d'acteur de théâtre, J.C. se moque, ironise et prend du recul sur ce qui a été son apprentissage. La folie paranoïaque de Myrtle semble guider l'action et en même temps sert de révélateur sur ce qu'est le métier d'actrice : donner de la substance à un personnage qui n'existe pas, "lui donner du sens pour en avoir à son tour". Tout ça pour dire que Gena, je t'aime d'amour et que tu n'as pas volé ton prix d'interprétation au festival de Berlin.