Opération peur par Ninesisters
A l'approche de Halloween, je me suis lancé dans un petit cycle de films d'horreur, en commençant par cette production italienne de 1966 réalisée par Mario Bava. Cela m'a semblé approprié.
Le scénario est bien cliché : au début du XXème Siècle, un médecin légiste se rend dans un village reculé pratiquer une autopsie. Selon les habitants, la victime a été la proie d'une malédiction, mais ils refusent d'en dire plus par peur de représailles. Vous le voyez, il ne faut pas chercher l'originalité du côté du scénario, lequel souffre de toute façon de problèmes d'écriture assez grossiers ; par exemple, aucun personnage ne souhaite expliquer au médecin ce qui se passe par peur de la malédiction, mais l'un d'entre eux finira par tout déballer d'un coup sans en subir les conséquences, juste parce qu'il faut bien faire avancer l'intrigue.
Dans l'ensemble, Opération Peur souffre de pas mal de défauts ; ses acteurs sont peu convaincants, et la musique est employée en dépit du bon sens. Le budget est apparemment minimaliste, ce qui oblige le réalisateur a abusé des zooms faute de pouvoir s'offrir des travellings ; j'en connais qui auraient des crises de nerfs car ne supportant pas ce procédé (sans se rendre compte que les cinéastes n'ont pas toujours le choix et peuvent en faire une figure de style).
Le point positif, c'est que cela reste du Mario Bava : les cadres sont magnifiques, et sa science de l'éclairage fait une nouvelle fois merveille, avec des teintes vertes typiques de son cinéma donnant une atmosphère angoissante. Il prend soin de filmer la ville de manière à donner l'impression d'un labyrinthe impénétrable, et plus que la malédiction, c'est la ville elle-même qui effraye de par l'ambiance qu'elle génère. Le long-métrage se situe clairement dans la lignée des productions de la Hammer ou du cycle Edgard Allan Poe de Roger Corman, avec ses lueurs étranges, sa brume omniprésente, et son cimetière en carton-pâte. Non pas que je m'en plaigne.
Malheureusement, Opération Peur fait rarement peur, ses moments les plus horrifiques se trouvant désamorcés par le jeu des acteurs, l'utilisation hasardeuse de la musique, ou l'illogisme du scénario. Et pour le coup, c'est vraiment dommage.