James BOMBE

Opération Tonnerre se trouve enfin adapté sous la houlette de Terrence Young, déjà à l’œuvre sur les deux premiers opus de la saga, pour un quatrième opus dense et luxuriant doté d’un budget encore plus conséquent que les trois précédents.

Opération Tonnerre devait être le second opus de la saga, avant que des démêlées juridiques n’en décident autrement. Dans une querelle opposant Ian Fleming et l’auteur du scénario original du roman Kevin McClory, les producteurs décident ainsi d’incorporer ce dernier à la production de ce quatrième opus afin qu’il ne puisse se servir de ses droits pour lancer un autre film. Débutant par une impressionnante scène d’évasion en jetpack , Opération Tonnerre est ainsi le volet le plus dense et explosif de la saga alors initiée en 1962. Dans le décor luxuriant des Bahamas, Bond affronte l’organisation SPECTRE dans un opus plus aquatique et encore plus spectaculaire que les précédents opus.

Dans Opération Tonnerre, parce que l’heure est grave et que des missiles atomiques ont étés dérobés par l’Organisation SPECTRE contre une forte somme d’argent, tous les agents double se trouvent pour la première fois réunis. Bond fait ainsi une fois de plus équipe avec l’agent de la CIA Félix Leitter dans un film aussi dense que l’organisation qui sert d’antagoniste au récit. Terrence Young retrouve ainsi le rythme tendu qu’il avait su brillamment instaurer dans son Bons baisers de Russie en étirant au maximum les scènes pour faire monter crescendo une tension palpable. Cependant, si le second opus était relativement modeste en décors, Opération Tonnerre se doit de mener à bien sa mission sur terre comme sur l’eau, dans des poursuites et scènes de plongées prenantes et meurtrières.

Parce que l’on n’échappe pas aussi rapidement au SPECTRE, les ennemis seront nombreux et les personnages féminins doubles, l’on retrouvera ainsi en femme fatale Luciana Paluzzi, qui incarne la froide et manipulatrice Fiona Volpe face à la sublime et brisée Claudine Auger qui interprète le rôle de Domino. Si la production s’est payée les services d’un consultant militaire, c’est pour mener à bien cette écrasante mission où Bond devra prouver une fois de plus l’homme d’action qu’il se doit d’incarner. Opposé à des requins, des hommes de mains où même à un impressionnant commando de plongeurs qui se terminera dans une sanglante bataille aquatique, rien n’est laissé au hasard pour nous plonger dans l’inarrêtable chrono qui mène la livraison des missiles militaire à l’impressionnante rançon exigée.

Parce qu’Opération Tonnerre est un divertissement à l’ambition démesurée qui jamais n’en démord, le film de Terrence Young est ainsi un spectacle total qui comme Bons baisers de Russie se voit mené à un train d’enfer. Maîtrisant ses scènes d’action avec brio, ce troisième opus s’avère être un condensé parfait d’une franchise qui a ici monté tous les curseurs pour mener son film vers le divertissement total et explosif. Si l’on regrettera un antagoniste et des personnages moins jouissifs et bavards que les précédents opus qui se trouvent ici noyés sous le torrent d’action du récit, Opération Tonnerre est un quatrième opus pétaradant et prenant qui se donne pleinement le moyen de ses grandes ambitions.

Choisissant la voie d’un spectacle total, explosif et sans temps mort, Opération Tonnerre perd en élégance qu’il gagne en spectacle, dans un opus qui porte ici au pinacle ce qui faisait le sel des trois précédents épisodes. Opus volontiers plus militaire porté sur une action qui jamais ne ralentit, le film de Terrence Young inaugure ainsi un James moins Bond mais plus Bombe. Mais avec un tuba.

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