Smoke on the Water
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Réponse courte :
Parce qu’il fait la synthèse – réussie – des trois premiers films qui posent les jalons de la série.
Réponse longue :
James Bond 007 contre Dr. No exposait les bases d’un divertissement d’espionnage en période de Guerre Froide (on n’est pas dans l'espionnage sérieux de La Lettre du Kremlin ou de L’Espion qui venait du froid). C’était un film de série B sans prétention, sans célébrités, dans les beaux décors créés par l’excellent Ken Adam à Londres et aux Caraïbes. La majorité des ingrédients fondamentaux étaient là dès le début, avant de devenir dix ans plus tard les poncifs d’un cahier des charges sclérosé : action, violence, jolies filles, humour, voyages, gros méchant mégalomane, bonne musique et base secrète explosée à la fin. Mais tout cela, à l’image de l’interprète principal de Bond, était encore à affiner.
Bons Baisers de Russie s’est éloigné de ce schéma initial grâce à un scénario développé dans un sens qu'affectionne Alfred Hitchcock, à une distribution plus brillante (Pedro Armendariz, Lotte Lenya, Robert Shaw), à plus de psychologie des personnages et à un montage ultra nerveux dans les scènes d'action (la violence inouïe de la bagarre dans le train), sans oublier les premiers gadgets et la première apparition de Q, de Blofeld et son blanc félidé.
Goldfinger a ensuite été le film du succès planétaire avec son budget énorme et ce que ça implique, en revenant à la recette d'origine, sans oublier les apports du deuxième film et en ajoutant un antagoniste féminin qui n’est pas une cruche (il aurait d’ailleurs été bien compliqué de faire jouer un rôle de potiche à Honor Blackman).
Opération Tonnerre est donc la synthèse de tout ça. On y retrouve l’ampleur de Goldfinger, notamment par la déco de Ken Adam, le "sérieux" d’un scénario bien construit comme c’était le cas dans Bons Baisers de Russie, et l’exotisme des Caraïbes de Dr. No. Sean Connery est d’ailleurs un bon repère de cette évolution : Brut dans le premier film, il affine son personnage dans le deuxième et le maîtrise dans le troisième. Ainsi, dans le quatrième, il est parfaitement à l’aise. Et comme 50 ou 60% de la réussite du film reposent sur lui… Dans le cinquième (On ne vit que 2 fois), on le sentira plus routinier et dans Les Diamants sont éternels, on le verra cette fois carrément s’ennuyer.
Comme de plus on retrouve Terence Young à la direction (Dr. No et Bons Baisers de Russie), on laisse de côté les loufoqueries (annonciatrices des futures horreurs de 1971 et 1974), comme l’oiseau sur la tête dans le prégénérique de Goldfinger ou le smoking sous la tenue de plongée, pour revenir au plausible, à défaut d’être réaliste. Aucun Bond n’est d’ailleurs réaliste et ne cherche à l'être. L’idée à cette époque est de rendre les choses seulement plausibles ; ce qui n‘est déjà pas mal. À l’époque, la Marine britannique a néanmoins demandé des infos techniques sur le sous-marin porteur de bombes, ou sur le cigare à oxygène de Bond. Comme quoi, tout ne manquait pas de crédibilité.
Dans Opération Tonnerre, on a un enjeu réel et plus inquiétant qu'un braquage de banque géante et on doit faire face à une organisation malfaisante menée par de vrais méchants et son mystérieux chef au chat blanc. Cette fois, c’est le dangereux Largo (Adolfo Celi), éleveur de requins à ses heures, qui mène le bal, secondé par la plus parfaite antagoniste féminine de Bond, Fiona Volpe (Luciana Paluzzi) qui n’a jamais été dépassée, ni même égalée, depuis. Hitchcock l'a toujours dit : « Plus votre méchant est réussi et plus votre film le sera aussi. » Opération Tonnerre en est une excellente illustration.
Domino (Claudine Auger) a également du répondant et l’équipe de Bond (Paula et Felix) assure ses arrières. La distribution est d’ailleurs très bonne (Rick Van Nutter reprend les choses où Jack Lord les avait laissées dans Dr. No et Martine Beswick sait se montrer présente. La mort de Paula est d'ailleurs touchante).
Alors on pourra sans doute reprocher au film la longueur de la bataille sous-marine, pour laquelle John Barry compose et arrange encore – comme pour l’ensemble du film – une très bonne musique. Mais, en dehors de ça, il n’y pas grand chose à redire.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Des films à (re)voir absolument (1902-2022), L'espionnage dans tous ses états, Sean Connery : 50 ans de films (1953-2003) et Les meilleurs James Bond
Créée
le 25 nov. 2024
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