Du grand cinéma qui est bien plus qu'un simple biopic sur celui qu'on a appelé à l'époque "Le Père de la Bombe" Robert Oppenheimer. Le scénario brasse énormément de choses, d'éléments cinématographiques à la fois issus de la Grande Histoire avec la reconstitution du Projet Manhattan mais également des tourments moraux d'un homme de science qui révolutionnera le XXème siècle avec ses collaborateurs. Il y a de la richesse thématique et dramaturgique, des dialogues brillants et intelligents ainsi que des moments plus oniriques presque expérimentaux, surtout dans la première moitié avec ces courtes séquences nous plongeant dans la tête d'Oppenheimer et montrant ce second monde, le subatomique. Attention car il faut être attentif durant le visionnage car la narration est éclatée, d'une scène à l'autre on peut passer à une autre période de la vie du personnage principal (avec même des scènes centrées sur le personnage de Strauss, celles en noir et blanc), un procédé parfois déstabilisant mais sacrément immersif comme lors de cette progression en tension la demi-heure avant le beta test de la bombe Trinity; décidément le cinéma de Nolan avec le temps ressemble de plus en plus à celui de Terence Malick. La dernière partie du récit, change légèrement de registre avec cette chasse aux sorcières dont Oppenheimer est victime, le ton passe alors presque au genre thriller conspirationniste. Comme quoi le cinéma américain est toujours capable, lorsqu'il le veut bien, d'allier mega-production et cinéma d'auteur ayant un vrai propos avec un casting XXL.