Depuis Interstellar on savait que Christopher Nolan avait du mal à comprendre les théories de la physique, qu'elle soit astro, relativiste ou quantique. Après cet échec cuisant, cependant, il se lance dans le biopic d'un physicien. Verdict ?
Robert Oppenheimer (Cillian Murphy) est un physicien théorique états-unien né à New York. L'armée de ce même pays cherche des scientifiques volontaires pour un projet d'arme nucléaire capable de au moins de rivaliser, sinon de dépasser celle sur laquelle les nazis travaillent. Le futur général Leslie Groves (Matt Damon) auditionne Oppenheimer. C'est le coup de foudre. Oppenheimer va devenir le directeur scientifique du projet Manhattan qui va se développer dans le désert à Los Alamos. Pour cela il va recruter plusieurs physiciens de premier plan tels que Ernest Lawrence (Josh Hartnett, porté disparu depuis Pearl Hzrbor et à contre-emploi ici) Isidor Rabi, (l'excellent David Krumholtz vu récemment dans The Plot Against America) Edward Teller ou Hans Bethe (Gustaf Skarsgard, le Floki de Vikings).
Seulement, Oppenheimer dans sa jeunesse s'étant intéressé à beaucoup de choses y compris la politique avait des sympathies pour le communisme, surtout en théorie (c'est un théoricien) et n'a jamais été membre de ce parti, bien que proche de nombreux de ses membres comme son frère Frank ou sa maitresse Jean Tatlock. C'est suffisant pour que Lewis Strauss (Robert Downey Jr) le président de la Commission de l'énergie atomique des États-Unis profite du Maccarthysme pour lancer une chasse aux sorcières contre lui pour se venger selon certains d'une humiliation que lui aurait causée Oppenheimer. Après une sorte de faux procès à charge mené contre Oppenheimer par des hommes choisis par Strauss, c'est au tour de Strauss de passer devant une commission. On expose devant cette commission ses agissements et Oppenheimer est blanchi. Mais les milliers de morts causés par les bombes à Hiroshima et Nagasaki ne le laissent pas en paix.
Cette fois-ci Nolan survole la théorie physique. Il explique juste ce qu'il faut sans trop rentrer dans les détails car ce serait trop compliqué pour lui ou ennuierait le spectateur qu'il doit maintenir éveillé dans une salle obscure pendant 3h. Le pari est risqué. On peut dire que cela fonctionne. Il choisit de faire un montage qui alterne 1)Projet Manhattan à Los Alamos 2)Simulacre de procès à charge et 3) Commission d'enquête, qui évite une chronologie monotone. Cillian Murphy, le Thomas Shelby de Peaky Blinders, est excellent comme d'habitude, et les autres acteurs de ce casting 5 étoiles le sont aussi. Bref, à part la fin un peu grandiloquente où Oppie imagine la fin du monde, enfin un Nolan réussi ! Ça faisait longtemps. À l'heure où la Russie de Poutine a envahi l'Ukraine et que la menace nucléaire refait surface après la guerre froide, un film qui peut avoir le mérite de faire réfléchir un peu le grand public.