Difficile d’écrire un court paragraphe sur un film qui marquera sans aucun doute ce siècle cinématographique.
Une mise en scène à haute cinétique, une musique fracassante et omniprésente, un tempo irrespirable rythmé par le fracas des explosions, nous nous perdons dans les pensées d’Oppenheimer, personnage complexe, qu’aucun ne nous ne réussit à cerner. D’un excès de confiance, Oppenheimer tombe dans les regrets et la culpabilité, mais celle ci n’est jamais complètement avouée. Se cherchant des excuses, voulant passer pour martyr, souhaitant une paix définitive, il n’en reste pas moins le destructeur des mondes. Einstein l’avait pourtant prévenu que si une telle bombe était concevable, il se devait d’en prévenir ses ennemis pour tout arrêter. Mais ce ne fut pas le cas, et sa quête scientifique acheva la seconde guerre mondiale au dépit du commencement de la guerre froide et surtout de milliers de morts. Un point de vue en noir et blanc, celui de Strauss et un autre en couleur, celui d’Oppie; la rivalité est partout, et même dans le même camp; à tel point que nous ne savons plus qui est le véritable ennemi. Des scènes dignes d’un Indiana Jones, notamment celle où il porte son chapeau pour la 1ère fois, et d’autres où l’on ressent la fragilité du personnage, moins lucide et plus naïf que son épouse. Le gouvernement américain est vivement critiqué et notamment le commandant, joué par Damon, qui pense davantage au prix dépensé dans le projet Manhattan qu’au risque seulement proche de zéro de destruction de l’humanité, ou encore Truman accusant Oppie de pleurnichard.
Quelques défauts pour moi , notamment la 1ère partie peu développée sur la jeunesse du personnage principal, ces écrans de veille Windows de mécanique quantique sans grande explication du contenu, et l’absence de détails sur la conception d’une telle bombe. Certains personnages sont un peu oubliés, notamment celui interprété par Josh Hartnett.
Mais cela n’enlève rien à ce chef d’œuvre qui explique mieux le monde actuel, d’où l’on sort troublé, nauséeux et en sueurs tant le procès final est intense.
Déjà Imitation Game m’avait plus, mais Oppenheimer va encore plus loin et merci à Nolan pour ce véritable opéra cinématographique où chaque acteur/actrice tient parfaitement sa partition, en particulier Murphy, Downey Junior et Blunt.