Christopher Nolan fait parti des quelques cinéastes dont je veux voir les films dans une salle de cinéma. Je suis certain à chaque fois qu'il s'assurera que les équipements des salles soient mis à contribution pour son spectacle.
Avec Oppenheimer, cette certitude est confortée : il faut voir ce film sur grand écran et avec un système son qui vous immergera totalement.
N'ayez pas peur de la durée du film, celle-ci passe en un éclair. Le film est très rythmé et très bien monté.
L'astuce principale pour maintenir le spectateur en éveil du début à la fin est l'imbrication de 2 récits sur 2 temporalités différentes, distinguées par l'utilisation du noir et blanc.
Cet entremêlement des récits permet de découvrir progressivement Oppenheimer et de mieux comprendre sa psychologie et les ressorts de politique interne derrière les recherches scientifiques, au-delà des considérations géopolitiques.
Le récit est d'ailleurs passionnant et pose des questions philosophiques et éthiques auxquelles il n'est pas aisé de répondre.
Qui pourrait affirmer sans hésiter si le personnage principal mérite notre compassion ou non ? Difficile tant les parts d'ombres et la volonté de bien faire s'entrechoquent dans l'œuvre de ce scientifique.
La complexité des personnages est servie par de nombreuses bonnes interprétations, dans un casting all star y compris pour des rôles très secondaires.
Mention spéciale évidemment pour Cillian Murphy qui a toujours su jouer à merveille les êtres torturés.
Mais quid du sujet principal ? La Bombe A est-elle si impressionnante ? On nous a tant vendu l'absence de CGI !
La réponse est oui : la scène est magistrale. Et ce qui sublime encore plus cette scène c'est l'absence de musique. Ce sont les seules minutes du film sans aucun bruit.
C'est en effet l'un des gimmicks (défauts ?) du réalisateur : il ne se passe pas une seconde sans qu'il y ait une musique de fond.
Cette omniprésence de la musique s'arrête d'un coup lors de cette scène, par contraste.
Le spectateur ne peut que ressentir la gravité du moment.
Cette scène illustre parfaitement le point fort de ce film : faire passer un message philosophique profond grâce à une mise en scène impressionnante.