On croyait les fresques et épopées au royaume des Mille et une nuits mortes et enterrées depuis belle lurette. Jean-Jacques Annaud se fait un plaisir de nous prouver le contraire avec Or noir, vaste film d'aventures à l'ancienne plein de bons et nobles sentiments sur la pureté d'âme, le respect des traditions ou le dévoiement à la toute puissance de l'argent face à la présence du pétrole dans un désert où vivent des populations aux coutumes ancestrales.
Voilà donc un objet cinématographique comme on n'en fait plus, à qui le réalisateur français, qui assume le genre sans ambages, jusqu'à ses facilités et son kitsch, redonne toutes ses lettres de noblesse, dans un grand spectacle au réel souffle, avec des moyens qui montrent le grand enfant qu'est resté l'auteur de l'Ours et du Nom de la rose.
Passons donc sur quelques vilaines images de synthèse des cités orientales la nuit, sur un scénario cousu main, d'un manichéisme qui est à lui seul un hommage au genre, et retenons la beauté suffocante des éclairages, des scènes de bataille, et le luxe de détails de décors qu'on a l'impression de toucher, d'atmosphères feutrées des moucharabiehs comme à y être, mais aussi ce cadrage au plus près des visages chez des acteurs d'une beauté impressionnante.
Les amateurs de romance fonderont devant la délicieuse Freida Pinto, authentique princesse de conte de fée, les toqués de faciès façon péplum s'extasieront face aux deux sultans tenus par Mark Strong – fabuleux de sagesse, de profondeur – et Antonio Banderas – crapule toujours digne – et par le dévoué Hassan Daklil d'Eriq Ebouaney – d'une dévotion illuminée captivante.
Un très bel hommage au grand cinéma épique des années 1960, défendu avec un tel professionnalisme qu'on en redemande.