Le début du film laisse craindre un mélodrame sentimental aux effets complaisants et éculés. La passion soudaine d'un homme marié respectable pour une énigmatique jeune femme fait en effet présager d'une romance amorale conventionnelle. Pourtant, Marc Allégret évite le piège et il le doit, il est vrai, autant à la qualité des rôles qu'à celle des comédiens.
La construction du drame n'est pas originale, certes, mais la nature et le comportement mystérieux de l'héroine, très élégamment interprétée par Michèle Morgan, oriente l'histoire vers une certaine ambiguité qui donne sa personnalité au film. La séduction de la jeune femme, qui s'exerce sur chaque homme qu'elle croise et qu'elle justifie tantôt avec générosité, d'autres fois avec cynisme, semble-t-il, la jalousie insensée de Charles Boyer ou l'attitude compréhensive de l'épouse abandonnée témoignent d'une approche plus consistante du mélodrame, en dépit d'une mise en scène plutôt désuète.