Particulièrement provocateur et acide, il n'en demeure pas moins que ce film reste d'une clairvoyance rare sur la violence de l'homme et de la société comme un cercle vicieux qui n'en fini jamais. La violence conduit à la violence et à l'aliénation. Chose plus grave peut-être , la société ne permet pas la repentance, et en tient les ferments. La deuxième partie est peut-être la plus dérangeante puisque le personnage Alex qui vient de subir une lobotomie visant à la rendre inoffensif, recroise les trois précédentes victimes qui lui font payer leur souffrance , celui-ci devenant ainsi un défouloir, victime autorisée par la société. Un homme qui sort de prison et qui a purgé sa peine ne mérite pas un nouveau départ lorsqu'il réintègre la société et c'est tout un pan de l'humanité qui s'effondre d'où la dernière scène obscurantiste au possible d'un Alex revenant enfin à lui libre de perpétrer la violence ou bon lui semble à partir du moment ou la normalité du monde n'est pas menacé. La plastique du film sur une angleterre du futur entretien le malaise ambiant , ou chacun perd ses repères à la lumière orange et fluo et ces meubles glacés. Chacun se retrouve en face d'un miroir qui grossi le propos et ses propres défauts. Il ne faut peut-être pas oublier que le film est tourné en 1970 en pleine guerre du vietnam . Je trouve qu'il peut exister un parallèle , sinon une similitude entre ce film et apocalypse now de Bian De Palma sorti 8 ans plus tard sur la violence et l'aliénation. Le spectateur en perte de repère subit les images d'une violence rare , il pourra se dire que l'ultraviolence n'est pas gratuite, puisqu'il sert le propos d'une fable qui comme toutes les fables a bien une morale qui ici décrit les clichés à combattre pour une meilleure humanité et un meilleur vivre-ensemble. Enfin pourquoi ce titre orange mécanique?D'après Anthony Burgess lui-même, le titre Orange Mécanique vient d'une vieille expression cockney « il est bizarre comme une orange mécanique » (« He's as queer as a clockwork orange »), c'est-à-dire très étrange ou inhabituel. La réalisation de Kubrick au cordeau, reste au service de l'histoire , ce qui en fait peut-être son meilleur film, en tout cas le plus abouti de sa filmographie, tout du moins le plus efficace.