Je n'aime pas Stanley Kubrick. Il a pourtant un style intéressant, mais ça ne colle pas avec les sujets. Pour un film comme ça, je m'attends à de la passion, de la violence, de la souffrance, de la torture, du plaisir et un avis personnel. Mais Kubrick traite ses films avec froideur, avec une distance qui ne convient pas au message qu'il veut faire passer. Car si on veut faire passer un message, autant s'investir dedans et y mettre ses tripes. Ici on voit la violence sans en ressentir l'horreur. Effectivement, difficile de montrer des images choquantes sans faire ressentir de l'horreur à ses spectateurs mais il y arrive bien. Mais dans quel but ? Nous montrer le danger de la banalisation de la violence ? Deux heures comme ça, non. Ca lasse. On a compris, pas la peine de s'éterniser. En plus il y a de nombreuses scènes, on ne voit pas bien où il veut en venir, puis à la fin il y a un retour au point de départ...
L'action met beaucoup de temps à s'installer. J'ai horreur de ces films où l'intrigue débute à la moitié du film, qu'elle est donc raccourcie et bâclée car elle est souvent intéressante et ingénieuse. D'accord, c'est bien qu'on assiste à l'ultra-violence à laquelle s'adonnent Alex et sa bande, afin d'entrer dans l'action, de comprendre un peu et de s'"attacher" (je reviendrai plus tard là-dessus) au personnage. Mais le début est très long, on assiste à une série de crimes, puis aux scènes entre Alex et sa bande, puis avec son médecin qui s'inquiète, etc... Avait-on besoin d'autant pour s'installer ? Enfin, au bout d'une heure, le personnage est le cobaye d'une expérience visant à supprimer la criminalité en dégoûtant les criminels de la violence. Est-ce une bonne idée ? C'est intéressant sur le plan philosophique et moral mais encore une fois, c'est très mal traité et la question est presque survolée. Seul le prêtre expose les arguments contre cette expérience, Alex sort et subit la vengeance de tous ceux à qui il a causé du tort, puis sa tentative de suicide en montre les dérives et c'est fini.
Pour en revenir à Alex, je n'ai jamais vu un tel antihéros dans un film. Et encore, un antihéros reste un héros. Ici... Je ne sais pas ce qu'il en est des autres mais pour ma part je n'ai aucun sentiment d'attachement au personnage, je n'ai jamais ressenti de pitié ou de compassion pour lui alors que c'était le cas même dans les films les plus pourris que j'aie pu voir. J'ai plus suivi l'action de loin qu'autre chose, sûrement à cause de la froideur qui se dégage du film. Quand les choses se retournent contre Alex, la seule chose que j'ai pensé était : bien fait. Je n'ai pas compris pourquoi je devais alors poursuivre le film puisque je n'avais aucun point d'attache. En plus de cela le personnage est complètement stupide : chanter dans la maison où il a commis ses crimes la même chanson que lorsqu'il a violé la femme de l'homme qui l'accueille... Par contre, l'acteur, sa voix et la narration sont géniaux. Rien que pour l'accent pris, l'intonation et les petits mots d'argot...
J'ai quand même mis 6 parce que je ne me suis pas (trop) ennuyée, que sur le plan philosophique et esthétique c'est intéressant et qu'il y a quelques moments pas trop mal réussis. Mais c'est Stanley Kubrick, quoi...