Le panneau prévient d'emblée. "Attention : comédie méchante". On pourra difficilement trouver une description plus fidèle tant le film ne ressemble qu'à lui. On pourra lui trouver certaines accointances avec l'humour salace d'un Groland ou la cruauté qui illuminait les Idées noires de Franquin. Sinon, Oranges Sanguines s'envisage comme une grande kermesse où tout le monde va manger de la mandale. Pourquoi ? Pour le plaisir, simplement. L'idée, c'est de passer à la moulinette la société française dans ses travers, les mœurs comme les têtes de gondoles. Le politiquement correct, la discrimination positive, la corruption, l'indécence, la violence,...Vaste programme.
Un grand merci à la distribution, tous superbes avec une mention spéciale pour Christophe Paou et Alexandre Steiger, odieusement géniaux. Le film y va comme un forcené pendant 60 minutes, enchaînant les rencontres ou réunions insolites et obscènes. Soudainement, Jean-Christophe Meurisse vire de bord pour tenter la figure à mi-chemin entre l'horreur et l'humour noir. Une bascule difficile, qui ne fonctionne pas car elle expose au grand jour les failles béantes de sa structure anarchique ne sachant pas où aller donc ne menant nulle part. Ce que l'intrigue minimale (pour pas dire inexistante) puis les apparitions de Blanche Gardin et Vincent Dedienne confirment malgré le talent des deux interprètes. L'épilogue fait mine de palier au problème en reliant les personnages mais tout cela est superficiel. Un peu le comble pour une œuvre aussi bizarroïde.