Vers une émasculation méta-discursive : la philosophie dans le comptoir

Si ici Monsieur le Ministre des Finances semble avoir quelques légers problèmes à l’anus, le vôtre est tout aussi coincé : seulement il l’est entre deux chaises, celle du pathos et de la comédie.
Pourtant, quand vous faites preuve de bonne volonté, la comédie est cinglante. La première heure va dans ce sens, les jeux de montages alternés sont efficaces, ils confondent ces trois destins différents et ne peinent pas à faire rire (les délibérations sont tendues, les conversations chaotiques, la philosophie de comptoir est partout, que ce soit dans une salle de réunion à la tête de l’Etat ou dans les vestiaires carrelés d’une piscine).

Mais ce n’est, au final, que beaucoup de gesticulations pour pas grand-chose. L’extrême violence visuelle, qui fait de vous l’union non-désirée (et non-désirable) de Pulp Fiction et Orange Mécanique, ne sert à rien parce que vous n’avez pas le courage de l’assumer jusqu’au bout.
Et c’est là le véritable défaut de ce film, vous perdez (littéralement) vos couilles et vous vous excusez. Les deux scènes de viol du film (qui sont aussi les plus violentes) ont un véritable problème : elles se contredisent. La première est jouissive, bien qu’un peu lourde et imparfaite : on s’amuse du sort de ce Ministre des Finances qui rate l’anniversaire de son fils pour une orgie dans la campagne, et qui finit à plat ventre au coin du feu à se faire pénétrer par un amateur de fentanyl visiblement titillé par le 49.3. Mais la deuxième désert la première, et le spectateur ne peut que se sentir coupable d’avoir été amusé jusqu’ici : le potentiel comique s’effondre rétrospectivement, et je pense qu’il va me falloir un troisième xanax pour supporter la fin de ce film.

Ainsi le message politique se vautre avec la fin du film, il reste superficiel (et citer Gramsci n’y changera rien, je ne rigolerai pas moins devant un trisomique qui fait du ping-pong s’il me récitait du Mallarmé) et se cantonne à des moqueries de ce qui semble être la représentation du pouvoir. L’analyse de la France est facile, convenue, et en somme pas très méchante.

Gardez vos xanax pour de meilleures occasions, en espérant que cela vous déplaira.

Bizou.

drieularoquette
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le 9 déc. 2021

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