L'art raffiné de la captation
J'ai vu Mercuriales, le dernier film de Virgil Vernier il y a quelques jours et en bon curieux (tavu), je me suis dit que j'allais me pencher sur le reste, en poursuivant donc par Orléans.
Deuxième bonne pioche pour Vernier, qui préfigure ici ce qu'il fera deux ans plus tard dans Mercuriales, d'abord par une similarité des motifs : la gémellité évidemment avec ces deux femmes au parcours antagoniste qui vont se rapprocher. Comme dans Mercuriales, Vernier parvient clairement à faire exister ses personnages par une grammaire cinématographique relativement simple : captation du trivial, de l'anodin, scènes de la vie quotidienne, et immixtion de la symbolique.
Dans Mercuriales, il s'agissait à la fois de toucher le quotidien de la banlieue et de l'envelopper de mystique poétique. Même démarche pour Orléans où le cinéaste fait palpiter la ville éponyme et nos deux personnages au rythme de son Histoire. Célébrations de Jeanne d'Arc, iconographie médiévale d'Orléans auxquels viennent se superposer des dispositifs de documentariste. Pour Vernier, la matière ne change pas, elle demeure : aucune différence, sinon l'érosion, la détérioration, entre l'architecture médiévale de la ville et les quartiers miteux qui lui ont succédé. Dans Orléans comme dans Mercuriales, le cinéaste appréhende le temps et l'immobilité, saisit dans une même dynamique le Grand (l'histoire ici, la mythologie dans Mercuriales) et le petit, l'individu, tout en les liant intrinsèquement.
C'est preuve que Virgil Vernier est un cinéaste français à suivre de très très près, pour peu d'accrocher à sa poésie à la fois mystique, historique et vernaculaire.