Sans attente, mais avec une certaine circonspection, j'ai laissé "l'homme" choisir le film et valider la lecture avec en surbrillance le titre "Oro". Juste le temps de lire le synopsis et découvrir qu'il s'agit d'une oeuvre liée aux conquistadors et à la recherche de cités d'or, que déjà le vert et la boue envahie l'écran... Ça va être cracra... Alors bien sur, ce que mon cerveau avait anticipé de voir était là, sans grande originalité ( des hommes en tuant d'autres, des femmes-objets, un bestiaire mortel...). Mais quelle surprise de découvrir qu'il y avait plus.
Le film a réussi a capturé comment un groupe d'individus peut devenir masse ou un simple amalgame d'individualité. En présence d'un ennemi commun, bouc-émissaire à éliminer avec les félicitations du roi, l'escouade devient un seul homme et lutte intelligemment pour sa survie. Sans la présence d'une menace, les individualités s'exacerbent et la lutte devient alors celle du pouvoir.
Le film a même réussi aussi à nous montrer un "héro" subtil, savant mélange de qualités judicieusement dosées. Ce n'est pas le plus fort, ce n'est pas le plus "intelligent", ce n'est pas le plus autoritaire ou le plus charismatique. Mais sa présence donne un peu plus de relief aux autres personnages, que ce soit dans leur déviance ou dans leur humanité.
"L'histoire d'amour" peut être perçue en tant que telle, mais au fond de cette jungle il ne semble pas y avoir de place pour ce genre de sentiment. Au pire, les hommes les plus vils la convoitent pour soulager un désir naturel, au mieux, ils la traite comme une femme-enfant qui doit être protégée (plutôt le cas de notre "héro"). Et malgré quelques espoirs scénaristiques pour qu'elle puisse trouver son chemin toute seule, affranchie du regard des hommes, elle ne deviendra pas une "héroïne".
Et que dire de ce roi, présent sur les lèvres de chacun pour justifier tel ou tels actes... Tel un père qui est à la fois craint et idolâtré, ses conquistadors de fils tentent tour à tour de le contenter, de l'acheter, de le fuir.
Bref, il ne s'agit pas du film de l'année, mais pour le coup, "l'homme" n'avait pas failli à sa mission en appuyant sur "lecture": "réfléchir :un peu, divertir: beaucoup, ressentir:inévitable"