Dur dur dur de revenir dans le feu de l'action après 12 années d'hibernation. Le fils Bedos et Hallin ont eu fort à faire avec ce troisième opus, tant l'ombre des deux premiers est grande.


Faut quand même bien s'en rendre compte, si les films avaient été de jolis succès en "leur temps" c'est bien sur la durée qu'on a pu les voir s'inscrire dans le panthéon des comédies françaises cultes, gravant chaque réplique dans le marbre. Pour ma part je n'avais pas saisi toutes les qualités des deux premiers, les appréciant suffisamment mais pas assez non plus. C'est au bout du second puis troisième visionnage que là je me disais "dieu que c'est bon tout ça".


Alors face à ces deux monuments de la décennie précédente, comment définir cette suite en un mot ?


Ça me déçoit de le dire mais... : c'était une suite inégale.


Disons-le quand même tout de go : j'ai globalement passé un bon moment et j'ai aimé le film.


Dès les premières secondes j'ai été rassuré de voir que même si ça pouvait changer par la suite, je retrouvais là notre bon vieux Hubert, dont Dujardin parvient à retrouver la fibre communicatrice, quoique plus bougonne ici, sans le moindre mal.


Et par la suite, c'est un enchainement de péripéties, tantôt en solo, tantôt accompagné du perso de Pierre Niney : l'agent 1001.


C'était un second point qui me faisait peur, et passée sa présentation je n'étais sincèrement pas plus rassuré, mais en fin de compte j'ai bien aimé l'utilisation de son perso et l'interprétation qu'en fait Niney.


Alors oui cette espèce de guéguerre intergénérationnelle n'est franchement pas marrante pour un sous, à dire vrai c'est même une belle tare à deux-trois gags près. MAIS, c'est une autre utilisation, à la fois subtile et ultra rentre-dedans, que j'ai trouvé très amusante. Car 1001 n'est pas seulement plus jeune que OSS 117. Il est aussi doué et prétentieux que lui. Les gags m'ont parfois arraché un énorme rire franc.


Visuellement, je n'ai pas suffisamment eu l'impression de réellement voir un pastiche des 80's malgré plusieurs tentatives plus ou moins bien senties, j'ai davantage eu l'impression de voir un pastiche des 90's.


Aussi je sais pas trop comment le dire mais la colorimétrie et plus globalement l'image rendent "trop bien". J'ignore avec quoi ils ont filmé mais trop rarement j'ai eu le sentiment qu'on était en train de mater le film sur un lecteur VHS, ça manquait de grain, d'artifices pour consolider l'hommage de l'époque choisie.


Tout ça est d'ailleurs synthétisé dès le générique d'intro, hommage sympathique, quoiqu'assez léger quand on le compare à la pléthore de films qui s'y sont également frottés depuis un bon moment (je ne citerais par pure flemme que l'exemple récent de Deadpool 2), aux openings de James Bond, le tout avec un morceau ma foi fort joli et pile-poil dans le style, et qui très sincèrement m'a fait beaucoup plus penser aux openings de Brosnan qu'à ceux de Moore ou Dalton.


Venons-en au plus important : l'humour. Que serait OSS 117 sans cet humour ?


Ben c'est là que c'est quand même un peu partagé, et qu'il me faudra un nouveau visionnage pour véritablement bien en juger. Voyez-vous, j'ai très fréquemment souris, rigolé, voire je me suis bien poilé à des occasions. Le film ne manque pas de vannes bien trouvées, bien préparée, bien exécutées.


Mais paradoxalement, il y a eu des moments qui ont provoqué en moi un inconfortable sentiment de malaise, tantôt car le film se sabotait tout seul à ne pas assumer ce jusqu’au-boutisme cinglant et pourtant subtil qui faisait le sel des deux premiers, tantôt car il n'en avait tout simplement rien à foutre de la subtilité et lâchait des répliques atrocement lourdes et fausses comme pour dire "vous voyez, c'est toujours notre bon vieux OSS 117 raciste des chaumières et notre bonne vieille France des 80's". Ils sont disséminés partout dans le film hélas, donc il était largement possible de manger trois gags hilarants à la minute pour se vautrer sur un quatrième qui tombait totalement à plat, et inversement.


Un autre visionnage d'ici quelques mois, une fois la hype du retour de notre agent préféré tassée et les effusions critiques apaisées, s'impose d'office.


D'autres problèmes subsistent également : quelques problèmes de rythme surtout.


Et de ceux-là découle certainement mon plus gros reproche au film : sa fin. Attendre si longtemps pour que l'on nous serve une telle fin, excusez mon langage mais c'est se faire titiller la glotte par une scie sauteuse.


Je suis content de voir que Bedos et Hallin sont outrageusement confiants, mais ça a été vraiment très frustrant.


Car entre cette fin et le rythme qui parfois battait de l'aile, on sent bien les 2h qui s'écoulent, ça m'a paru moins fluide dans le récit et la construction des péripéties.


Pour résumer ce long pavé, le film a beaucoup de gras dont une bonne dose de blagues qui ne sont pas passées pour moi, mais parvient à recapturer l'essence de ce qui faisait les deux premiers, leur adressant au passage des clins d'oeil (un peu trop même). C'est globalement drôle, porté par un Dujardin qui prend plaisir à retrouver le rôle et servi par un cast qui ne dépareille pas dans la saga.


J'ai donc été ravi de retrouver Hubert, même si le pastiche 80's ne m'a pas paru plus réussi que ça et que pas mal de passages m'ont au pire cringe, au mieux laissé de marbre.

Chernobill
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le 3 août 2021

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Chernobill

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