Tu as un numéro : comme ces vaches que l'on conduit à l'abattoir

Chacun ses dégoûts, après tout.


Certains vomissent Aliens : Le Retour (Les fous !). d'autres rejettent en bloc Pulp Fiction (Les hérétiques !). Tandis que quelques uns maudissent 2001 : L'Odyssée de l'Espace (Les mécréants !) ou encore E.T. L'Extra-Terrestre (Les aigris ! Les cyniques !).


Je vous laisserai le choix de la qualification du masqué concernant son aversion pour OSS 117 : Le Caire, Nid d'Espions. Car s'il y a bien un film qui le désole chaque fois qu'il le voit, c'est bien celui là.


Pourtant, ce n'est pas faute de se coller devant pour lui redonner une chance quand il est diffusé sur la TNT, de peur d'être passé à côté du phénomène. Mais rien n'y fait. Et Behind de confesser aujourd'hui son incompréhension sur le statut de classique de la comédie obtenu par le film, doublé du succès public et de la reprise de nombre de ses répliques devenues cultes.


Car pour le masqué, l'humour second degré déployé par Michel Hazanavicius se voudrait élitiste, super bien écrit et réfléchi. Mais il ne fait surtout que dilater inutilement ses situations qu'il voudrait comiques, et surexpliquer ses effets, histoire qu'ils fassent encore plus plouf. Comme l'ivrogne que l'on écoute, un poil gêné, raconter son histoire drôle pour la quatrième fois, parce que l'on a pas rigolé à l'issue des trois précédentes.


Ainsi, rien n'est spontané, rien n'est vivant, tout est trop préparé et artificiel : on ne s'appuie que sur une parodie à peine molle de l'état d'esprit des années cinquante. Facile de juger rétrospectivement à l'aune de l'actuel bien pensant... Merde, j'avais pas tout compris : il s'agit sans doute de post-modernisme... Et alors même que certaines réflexions font pourtant mouche, on sent que le film est beaucoup trop conscient de ce qu'il croit être pour convaincre, ne cessant de faire du pied au spectateur tant il s'étale dans un consensus vaguement critique pour le brosser dans le sens du poil.


On mise aussi sur la moulinette de la bêtise crasse d'un personnage de Jean et Josette Bruce totalement détourné de ses origines de papier, bien étrangères aujourd'hui, pour mieux le dénaturer et l'inscrire au chausse pied, de manière servile, dans les canons de la pseudo comédie qui semble perpétuellement se regarder le nombril, contente d'elle-même et de ses effets.


Et il y a le pauvre Jean Dujardin, avec sa tête d'imbécile heureux arrogant, que Behind a envie de baffer. Histoire de lui rappeler que s'il se complaît dans le registre de l'abattage lourdingue dans ce type de produit, il n'aura jamais été plus étincelant que dans ses prestations dramatiques.


Dès lors, c'est ce dernier adjectif que l'on retient, pour ne pas dire que Le Caire, Nid d'Espions, malheureusement, et ce malgré sa jolie photographie, la belle Aure Atika et quelques péripéties pas trop mal vendues, navigue à vue entre le dépit et la désolation.


Le seul aspect où le film fait mouche, c'est le portrait qu'il tire du Français à l'étranger, toujours valide soixante ans plus tard : bête, irrespectueux, arrogant, prétentieux et sûr que le monde entier l'aime et l'attend comme le messie. Pas certain cependant que Michel Hazanavicius voulait que l'on ne retienne que cela de son oeuvre au sourire rare. Un comble pour une comédie.


Mais si l'on rajoute l'épithète « français », soudain, Behind comprend mieux. Car en France, cet art s'est perdu depuis belle lurette.


Behind_the_Mask, ♫ Au pays... De Coty... ♪

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le 23 sept. 2019

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