Certes, OSS 117 a précédé James Bond, en littérature et au cinéma (avec le vraiment pas terrible « OSS 117 n’est pas mort », sorti en 1957). Mais clairement, l’ombre de 007 plane allègrement sur cette nouvelle aventure cinématographique d’OSS 117.
« Dr No » est sorti en 1962 et a cartonné. André Hunebelle prend alors en main les aventures de Hubert Bonisseur de la Bath, et supervisera une série de cinq films, tentant de créer un James Bond à la française.
Le hic, c’est que la comparaison avec « Dr. No » fait très mal. Dans les deux cas, un agent en mission disparait, et notre héros est envoyé pour le remplacer, et afin de trouver le repaire des méchants, qui cache un appareil technologique. Sauf que si 007 part en Jamaïque, OSS 117 va… en Corse et à Nice. Question exotisme on a vu mieux ! D’autant plus que « OSS 117 se déchaîne » est tourné en noir & blanc, passant complètement à côté de l’opportunité d’exploiter pleinement le joli cadre méditerranéen ensoleillé et marin.
Idem sur la musique. James Bond a été doté d’un thème légendaire ? Faisons de même avec OSS 117 ! Et voilà notre héros, affublé d’une chanson yéyé assez ridicule, et surtout en décalage complet avec l’action.
Néanmoins, on est loin du film sans ambition. André Hunebelle se veut généreux en bastons, employant par ailleurs quelques mouvements d’arts martiaux, chose relativement rare à l’époque. Ce n’est pas toujours bien découpé, et les chorégraphies ont tendance à être trop rigide, mais on ne va pas bouder son plaisir. Il y a également une séquence de combat sous l’eau, très originale.
Par contre les dialogues sont ringards. Evidences qui paraphrasent le récit (ou expliquent la situation aux spectateurs quand il n’y en a pas besoin). Blagues pas drôles et échanges trop sérieux. Michel Hazanavicius n’aura besoin que d’exagérer à peine pour ses parodies avec Jean Dujardin !
Dans le rôle-titre, Kervin Mathews fait le job sans éclat. Il faut dire que la post-synchro n’aide pas, l’acteur ayant visiblement joué en anglais pour être doublé en français. Certains tiqueront sur ses tactiques de séducteur à deux balles, qui tiendraient aujourd’hui de harcèlement sexuel (voire d’agression sexuelle). Mais bon, autre temps, autre mœurs, rappelons que James Bond n’était pas beaucoup moins machiste…