Où sont les rêves de jeunesse découvert dans des conditions idylliques (projection au Balzac dans le cadre d'un ciné-concert, où une bande originale composée pour l'occasion était interprétée en live - avec un petit verre de Umeshu en prime) m'a mis une claque magistrale.
N'ayant aucune idée du pitch, et quoique le titre aurait du m'aiguiller, les aventures potaches de lycéens japonais des vingt premières minutes auraient suffi à mon bonheur. De la partie de Shôgi se poursuivant en dépit du bon sens à la fille à marier éconduite via un simulacre d'ivrognerie, tout est drolatique et bon enfant.
Puis l'élément perturbateur, le décès d'un père qui quelques scènes auparavant illuminait l'écran de son sourire bonhomme, et voilà notre héros (interprété par Ureo Egawa magnifique dans son rôle, au faciès tour à tour filou, avenant, marqué de gravité jusqu'à faire éprouver la peur au spectateur, etc) qui se retrouve propulsé patron de l'entreprise familiale. Les liens d'amitié estudiantins se distendent, petit à petit s'effilochent, jusqu'à risquer de se rompre alors que la hiérarchie sociale s'est irrémédiablement altérée...
La mise en scène est merveilleuse. De ce travelling d'allées de mains affairées à guetter leurs montres aux plans larges dépeignant une société japonaise d'avant guerre d'apparence prospère et bien ordonnée, tout concourt à l'immersion... Le format muet renforce les émotions et sensations transpirant de l'écran. Quel malaise ressent-on quand un grand dégingandé réajuste inlassablement les boutons de sa veste ! Quelle détresse face au regard profond et acéré lancé par l'éconduit à sa promise...
Sans vouloir trop en dévoiler, Où sont les rêves de jeunesse va susciter en vous tout le spectre d'émotion connu. Du rire, de la joie, de la pitié, de l'empathie, de la tristesse... Fabuleuse pellicule, superbe découverte (Et rendons à César ce qui est à César, merci @Ico pour l'opportunité amenée).