Ce que je cherche dans le cinéma, c'est la beauté (#anticonformiste). Et pour moi la beauté passe par la vérité, le vrai. Je sépare toujours vrai et vraisemblable, car ça n'a absolument rien à voir.


Un film vraisemblable n'est pas forcement un bon film, c'est seulement un miroir du monde que l'on voit nous, que l'on a vu et que l'on peut voir. (PS: un film vraisemblable peut être un film vrai, comme la vie d'adèle, chef d'oeuvre)


La vérité des images elle, le vrai, c'est les émotions. Peu de films arrivent à être sincères et justes dans les émotions qu'ils communiquent. Ce sont des émotions que l'on a pu, que l'on peut et que l'on pourrait ressentir.
Et tout le monde est assez d'accord pour dire qu'un acteur qui retransmet mal l'émotion qu'il doit jouer, ça casse toutes la crédibilité d'un film (et c'est pour ça que les acteurs chez bresson sont des acteurs absolument formidables).


Revenons donc à ce film, qui est le paroxysme de la beauté que je recherche dans le cinéma.


Comment Out 1 arrive t-il à atteindre cette vérité?


Et bien d'abord, et c'est le plus évident: Out 1 prend son temps.
La lenteur dans un film, comme le silence (ils sont souvent ensemble), permet des moments de grâce pure, car elle permet au réalisateur de tout montrer, de tout afficher. Un sourire, pendant un silence de plusieurs secondes, et le voilà splendide. La lenteur crée la parfaite harmonie de l'image, car elle montre tout. On est happé dans ce que le film nous montre, car il nous prend le temps de nous accompagner et de nous immerger.


Le génie de rivette tiens aussi du fait qu'il est en perpétuelle recherche d'un nouveau moyen de transcender celui qui a la chance de visionner son film.
Sa mise en scène est d'une inventivité totale, n'est jamais lourde dans les symboliques et magnifie les décors et les personnages, qui se confondent entre eux. Mais ce n'est pas juste malin comme peut l'être un simple exercice de style.
Le film est d'une sincérité que je n'ai jamais, avant Out 1, eu la chance de voir. Le style de Rivette est parfois documentaire (surtout dans les scènes de répétitions), et le fait que les acteurs soit totalement libre (mais vraiment totalement, improvisation du corps et des dialogues) donne l'impression à la fin du film d'avoir vu la vie, pourtant invraisemblable, d'un groupe de personnes ayant existé.


Et c'est là toute la subtilité d'Out 1", être vrai en étant invraisemblable de tout bords.


Je ne parlerai pas du fond du film, c’est inutile de survoler la densité du film, et ça n'a presque aucune importance, tant l’intérêt de l’œuvre est dans l'expérience sensorielle qu'elle propose. Faire l'effort de comprendre ce qu'on nous montre, c'est rentrer dans l'intimité du récit de Rivette, et c'est donc une démarche très personnelle.


Je n'ai pas vu le temps passer, et quand ça s'est terminé, je me suis dis que depuis "playtime" et "l'armée des ombres", je n'avais plus jamais autant été touché par une œuvre d'art, pas seulement de cinéma, mais d'art en général.


Bon après ouais ma culture artistique se résume au cinéma et à la musique mais tg la phrase est jolie.

Abrom
10
Écrit par

Créée

le 1 juil. 2021

Critique lue 687 fois

12 j'aime

12 commentaires

Abrom

Écrit par

Critique lue 687 fois

12
12

D'autres avis sur Out 1

Out 1
B-Lyndon
10

Fragments d'une révolution.

C'est difficile de parler de ce fameux film, peut-être le plus secret, le plus étrange, le plus expérimental de cet immense cinéaste qu'est Jacques Rivette. C'est difficile, même, d'en retirer...

le 19 sept. 2015

27 j'aime

11

Out 1
Abrom
10

Puceau moi, sérieusement^^?

Ce que je cherche dans le cinéma, c'est la beauté (#anticonformiste). Et pour moi la beauté passe par la vérité, le vrai. Je sépare toujours vrai et vraisemblable, car ça n'a absolument rien à...

le 1 juil. 2021

12 j'aime

12

Out 1
MCTM
8

Échec et M'out

Il était une fois où moi même, apôtre de la beauté et du bon gout, discuter sur un site de cinéma nommé Allociné, j'y discutais avec quelques comparses à propos des films longs, causant de Das Boot,...

le 7 avr. 2017

3 j'aime

Du même critique

Les Vingt-Quatre Prunelles
Abrom
10

J'ai envie de voir du Ozu maintenant.

Les films larmoyants, "tires larmes", ont cette caractéristique commune de constamment taper dans le faux, du moins en apparence. Le faux, cet ennemi de la qualité, qui gâche tout, le rabat joie de...

le 20 déc. 2021

5 j'aime

Berlin Alexanderplatz
Abrom
10

Fassbinder à son apogée

"Franz Biberkopf sort de prison, où il purgeait une lourde peine pour avoir tué sa femme. Il est fermement décidé à mener désormais une vie honnête. Mais dès la rencontre avec Reinhold, souteneur et...

le 25 mai 2022

5 j'aime

Mon oncle
Abrom
9

Pire titre pour conseiller un film à ses amis...

Mon oncle... Je l'avais découvert au cinéma avec ma classe, et j'avais déjà cette fascination pour la mise en scène de Tati bien que j'eus détesté mon visionnage. Avec le temps j'ai vu tout ses...

le 3 avr. 2021

5 j'aime