Un excellent petit polar français des années 50, comme je les aime : sans prétention, bien ficelé, replongeant le spectateur dans cette époque dorée grâce à des personnages bien écrits et à mille détails du quotidien.
Surtout, le film de Richard Pottier bénéficie de dialogues soignés, souvent percutants et drôles, œuvre du méconnu Marc-Gilbert Sauvajon (scénariste du très bon "Non coupable" d'Henri Decoin, par exemple), dans un style "à la Audiard" faisant la part belle à l'oralité de la langue française.
Le film est porté par un binôme de flics attachants, antinomiques mais complémentaires : un jeune inspecteur consciencieux joué par Yves Vincent, et son patron gentiment cynique incarné par le vétéran Yves Deniaud, jamais avare d'une remarque désabusée ou d'une petite vacherie en passant.
Si "Ouvert contre X" constitue un reflet fidèle de la société française des années 50 - et des divers métiers et classes sociales qui la composent, c'est notamment grâce aux multiples seconds rôles pittoresques qui peuplent le récit : on croise ainsi des habitués du genre tels que Robert Dalban, Henri Crémieux, Jean Debucourt, Guy Decomble, Marie Déa, ou encore Marthe Mercadier.
Quant à la jeune première accusée de meurtre, c'est la blonde Elina Labourdette qui prête ses traits à cette héroïne complexe.
"Ouvert contre X" a beau comporter quelques maladresses, j'ai passé un bon moment devant ce polar whodunit - scénarisé par l'avocat René Floriot! - petit divertissement efficace qui se paie le luxe au passage d'aborder certains sujets encore tabous à l'époque, tels que l'homosexualité féminine.