Jeune espagnol de 25 ans, Cesar (Eduardo Noriega) croque la vie à pleines dents, faisant défiler dans son lit toutes les jolies filles qu’il rencontre. Le soir de son anniversaire, il abandonne Nuria (Najwa Nimri) au profit de la charmante Sofia (Penélope Cruz) qu’il vient de rencontrer. Mais voilà qu’il commence à confondre les deux femmes, et à douter de ce qu’il voit… Plus tard, en prison pour meurtre, un psychiatre cherche à comprendre : Cesar est-il victime d’une machination, ou simplement fou ?
Le deuxième film d’Amenabar avait de quoi faire craindre le pire : il commence comme un film romantique sans intérêt, et même si une intrigue policière vient assez vite se greffer dessus, on a l’impression de n’avoir là rien que de très banal. Mais voilà, Amenabar n’est pas de ces réalisateurs qui se reposent paresseusement sur une simple idée pour en faire un film, ou sur la plastique de ses actrices en pensant ainsi allécher le spectateur (il ne s’en prive toutefois pas, surtout avec la superbe Penélope Cruz sous la main…).
Non, Amenabar, lui, fait partie de la catégorie des manipulateurs à la Nolan, et il prend visiblement un malin plaisir à faire perdre à son spectateur, de même qu’à ses personnages, la notion de réalité, finissant par les faire douter de tout ce qu’ils voient, jusqu'à un twist final plutôt réussi.
Mais ce qu’on peut apprécier en plus, chez Amenabar, c’est qu’il n’oublie pas de donner une réelle épaisseur à ses personnages, en nous les montrant dans leur vie de tous les jours – au prix d’un ennui passager, il est vrai – afin qu’on puisse pleinement s’y attacher. Ainsi, Ouvre les yeux parvient à mêler à une science-fiction aussi bonne qu’elle est discrète un drame attachant. C’est suffisant pour faire de ce film un petit fleuron du cinéma espagnol, et le faire ainsi sortir du lot.