Overheard marque le retour de Felix Chong/Alan Mak à la réalisation. Le duo avait été la force pensante derrière le succès de la trilogie Infernal Affairs mais avait moins marqué les esprits par la suite oscillant entre le sympathique (Moonlight in Tokyo) et l'oubliable (Lady Cop & Papa Crook). Ce dernier film marque un retour en force pour les duettistes, un thriller à la mécanique parfaitement huilée prenant pour cadre le monde de la finance.
Johnny (Lau Ching Wan), Gene (Louis Koo) et Max (Daniel) sont trois policiers de la brigade chargée de lutter contre les fraudes financières en charge de la surveillance d'un gros bonnet de la finance aux pratiques douteuses. Quand Gene et Max attrapent de sa bouche un intéressant tuyau sur le cours d'une action, ils décident d'effacer l'information de leurs écoutes et de l'utiliser à leurs fins pour se faire un peu d'argent. Ce faisant, ils mettent le doigt dans un engrenage qui va vite les dépasser.
L'idée de baser un thriller sur le monde de la bourse est particulièrement bien vue dans le cadre de la crise financière récente. D'autant plus que Hong Kong est une des places boursières les plus importantes d'Asie. Une facette qui, jusqu'ici, n'avait été utilisé que de manière très anecdotique par les scénaristes/réalisateurs de l'ex-colonie (souvenez-vous de Tiger Cage 3). Felix Chong et Alan Mak utilisent comme point de départ une simple opération spéculatrice pour décrire un redoutable engrenage duquel les personnages ne pourront s'extraire. Au contraire, comme pris dans des sables mouvants, chacune de leurs actions les fera s'enfoncer un peu plus. Il n'aura fallu qu'un moment de faiblesse, une seconde durant laquelle l'appât du gain aura été plus fort que les principes moraux pour déclencher cet inexorable processus.
Outre le fait que le scénario décrit la manière dont les événements prennent une tournure toujours plus tragique avec une précision redoutable, la force du film repose sur des personnages très travaillé. Leur personnalité, leur environnement est longuement détaillé (le premier quart du film n'est qu'exposition des personnages). En cela, Chong et Mak retrouvent la force de leur Infernal Affairs et poursuivent leurs efforts à donner une nouvelle orientation aux thrillers de Hong Kong. Si on ajoute à cela une excellente musique (un domaine dans lequel Hong Kong a fait de gros efforts), des acteurs convaincants (mention spéciale à Louis Koo, on sera un peu plus perplexe quant à Michael Wong) et une réalisation appliquée, on est en droit d'attendre avec confiance le prochain polar du dynamique duo.