60eme film de l'année et troisième incursion après "Minuit dans l'univers" et "Le passager numéro 4" de Netflix dans la SF, et cette fois ci, le capitaine à bord n'est nul autre que l'enfant prodigue Alexandre Aja, cocorico!!
Une femme se réveille dans une unité médicale cryogénique, seule, sans souvenir et avec très peu d'oxygène.
Voir de la SF française a quelque chose de surnaturelle tellement cela semble loin des productions habituelles et je trouve que le réalisateur s'en tire très bien!!
Dans ce survival minimaliste -qui n'est pas sans rappeler le film "Buried" avec le fameux Deadpool international-, nous sommes plongés avec l'héroïne dans un endroit inconnu à faire paniquer le claustrophobique sommeillant en nous, totalement déboussolés et en panique cherchant à comprendre ce qu'il se passe en même temps que trouver une solution à ce manque d'oxygène.
Ce partie pris de nous garder au plus près de la protagoniste principale sans avoir de point de vue extérieur autre que le sien permet d'avoir une empathie très forte et immédiate avec cette dernière dont les pensées, émotions et réactions semblent parfaitement vraisemblables et naturelles. Excellent point pour ma part.
Ce que j'ai particulièrement aimé dans ce métrage, c'est que le réalisateur a allié la forme et le fond, c'est à dire que la trame minimaliste de l'histoire- à savoir la survie de l'héroïne- se couple à une atmosphère ainsi qu'un design lui aussi épuré, minimaliste et assez terre à terre en terme de SF renforçant le caractère vraisemblable de l'histoire.
Sans développer des trésors d'invention, Aja nous montre qu'il est tout à fait possible de faire du cinéma de genre en français (sans avoir le budget de Marvel) tout en étant crédible et cohérent dans son propos. En espérant qu'il fasse des émules et que les acteurs du cinéma français poursuivent le sillon tracé.
Si la trame de l'histoire est assez simple, son exécution est bien rythmé alternant les moments de tension et les moments de développement de l'intrigue ainsi que du personnage, le spectateur n'étant jamais laissé sur le bord de la route.
Le personnage de Mélanie Laurent, étant le cœur du récit, est intéressant, touchant et prend de l'épaisseur au fil du récit sans pour autant lasser le spectateur par sa présence dans quasiment tous les plans du film.
Mélanie Laurent qui doit porter l'intégralité du poids du film sur ses épaules s'en tire admirablement bien et délivre une palette d'émotions hypnotisante hyper large alternant assez brillamment les moments d'émotion, de colère, de peur, de joie, de tristesse avec une très belle justesse de jeu.
Je ne comprends pas vraiment tout le bashing qu'il y autour d'elle sachant qu'elle livre très souvent -et c'est le cas aussi ici- de bonnes prestations scéniques selon moi. Comme quoi, tous les gouts sont dans la nature.
Le reste du casting n'étant pas vraiment présent à l'écran, se contentant de prestation vocale de néanmoins bonne qualité.
Au niveau de l'esthétisme visuelle, le décor est très bien mis en valeur et la multiplicité des angles de vue, cadrage, rotation de caméra permette de rendre le tout très vivant, le réalisateur réussissant à toujours trouver une autre façon de filmer pour éviter les répétitions ce qui n'est pas une mince affaire en vase clos.
Le colorimétrie, l'étalonnage glaciale ainsi que les SFX et trucages minimalistes renforcent le coté terre à terre de l'histoire.
La partie sonore est quant à elle assez bien sans que la BO soit clairement identifiable mais elle permet d'accompagner solidement ce qui se passe à l'écran.
C'est au final un petit miracle en soit que ce métrage existe et avec celui-ci, j'estime que Netflix monte en niveau dans le cinéma de genre de science fiction et permet de montrer à l'ensemble de la profession que ce type de cinéma peut exister dans l'audiovisuel français.
Sans pour autant être un chef d'œuvre ni une œuvre follement originale, Aja nous pond un bon survival -qui après "Crawl" ou encore son célèbre remake de "La colline a des yeux" aime décidément ce genre- même si celui ci est forcément limité en scénario de par ses caractéristiques premières.
Je n'ai pas vu le temps passé et je ressors du visionnage avec une réelle satisfaction.
Je souhaite ardemment qu'Alexandre Aja continue d'oser à s'aventurer dans des contrées que l'on pensait garder par le cinéma atlantiste -qui l'avait pendant très longtemps pris en son sein- pour nous offrir un autre type de cinéma.
A découvrir par tous, en particulier les personnes aimant les films concept et spécifiquement les survival.