Je suis étonné d’une moyenne si… moyenne pour ce long métrage. Sans être un grand film, Oxygène, le nouveau film d’Alexandre Aja, est un excellent divertissement. Depuis tant de mois qu’on attend impatiemment la réouverture des cinémas – prévue pour la semaine prochaine ! –, j’ai l’impression qu’on s’était habitué à enchaîner les daubasses sur Netflix, Amazon et compagnie.
Voir dans ce contexte un bon film de genre français, je trouve que ça fait beaucoup de bien.
Haute tension en 2003 était son dernier film français. Depuis lors, Alexandre Aja était parti faire ses films sur le sol américain.
La colline a des yeux, Horns, Maniac, ces films ont marqué les années 2000 et 2010, mais on attendait avec impatience qu’Aja renoue avec le cinéma tricolore.
C’est chose faite avec ce high concept captivant sur une femme, le Dr Elizabeth « Liz » Hansen, qui se réveille sans le moindre souvenir et enfermée dans un caisson cryogénique verrouillé. Son niveau d’oxygène est à 35% et baisse dangereusement, ce qui lui laisse un peu moins d’une heure pour trouver une solution et se tirer d’affaire. Sa seule porte de sortie, c’est de communiquer et de poser les bonnes questions au super-ordinateur de bord, MILO.
Avec un pitch pareil, on pense évidemment à Buried, ce génial film espagnol de Rodrigo Cortés où Ryan Reynolds se retrouve enfermé dans un cercueil, avec 90 minutes pour s’en sortir.
Alexandre Aja connaît ses classiques et s’en inspire dans sa mise-en-scène : le film a beau se passer quasi-intégralement dans un caisson de 2 mètres sur 1, on retrouve la même inventivité visuelle et recherche d’angles de caméras qui permettent d’éviter au long métrage de devenir redondant, et maintiennent le spectateur en haleine.
Mais c’est surtout à Hotaru, sans aucun doute l’un de mes 10 courts métrages préférés, que cet Oxygène m’a très fort fait penser. Hotaru, c'est le film de fin d’études de la Fémis de William Laboury. Réalisé en 2015 à l’aide d’images d’archives (c’est l’une des contraintes imposées aux élèves de la filière Montage), le film a connu un succès certain dans le monde du court métrage : sélectionné pour ma plus grande joie à Paris Courts Devant ainsi qu’à pléthore de festivals français et internationaux, prix spécial du jury Labo de Clermont-Ferrand en 2016…
Il s’agit de l’histoire de Martha, une jeune femme qui a la particularité d’avoir une mémoire phénoménale, qui se réveille coincée dans un caisson après qu’on l’ait envoyée cryogénisée dans l’espace pour sauvegarder le savoir humain. Elle incarne la mémoire du monde, et cette mémoire est stimulée par un ordinateur de bord répondant au nom de Martin. MILO, l’intelligence artificielle d’Oxygène, en est en ce sens l’exacte copie.
Je sais qu’il est toujours extrêmement difficile de trouver les liens pour visionner les courts métrages. Voici celui d’Hotaru, ça dure 22 minutes, arrêtez-vous-y, ça vaut le détour !
Je trouve beaucoup de qualités à cet Oxygène.
Mélanie Laurent tout d’abord, incarne superbement le Dr Liz. A la fois terrifiée mais d’un sang froid remarquable, elle explore une à une toutes les solutions à sa disposition.
MILO ensuite, présent à travers la voix de Mathieu Amalric. J’ai toujours trouvé qu’Amalric était l’une des plus belles voix du cinéma français. Une voix reconnaissable entre toutes, avec sa diction théâtrale et son timbre presque caverneux. Je ne dois pas être seul à m’être fait cette remarque car il n’est pas rare que l’acteur prête sa voix : à des films d’animation, notamment ceux de Wes Anderson (les VF de Fantastic Mr Fox et de l’Ile aux chiens), mais aussi comme voix off dans L'Empire de la perfection, documentaire passé un peu inaperçu sur John McEnroe, ou encore en ce début d’année dans le génial Charlie Chaplin, le génie de la liberté produit par France 3.
Enfin, par sa mise-en-scène, Alexandre Aja est parvenu à maintenir un suspens et un rythme qui m’ont fasciné. Un Escape game cinématographique des plus réussis.
En cette période de cinéma au rabais, rencontrer un film aussi malin doté d’un concept fort et d’un scénario captivant est un réel plaisir. Une excellente SF.