En 1954, Walt Disney était parvenu à obtenir les droits de onze des suites littéraires du "Magicien d'Oz" de L. Frank Baum mais mourra sans jamais avoir eu la chance de concrétiser un projet qui lui tenait à coeur. Au début des années 80, alors que les droits de l'oeuvre de Baum s'apprêtent à tomber dans le domaine public, le studio aux grandes oreilles lance la production d'une libre adaptation des deux premières suites, "Le merveilleux pays d'Oz" et "Ozma, la princesse d'Oz", confiant la mise en scène à Walter Murch, monteur reconnu pour son excellent travail sur des classiques comme "Apocalypse now" ou "Le parrain 2".
Comme pour le film de Victor Fleming, le tournage ne sera pas un long fleuve tranquille, Walter Murch devant composer avec un budget réduit, le temps de travail extrêmement court de la toute jeune Fairuza Balk (que l'on verra plus grande dans "Valmont" et "Dangereuse alliance), l'inintérêt d'un studio alors en pleins bouleversements et luttes de pouvoir, allant même jusqu'à être débouté de son propre film avant que le soutien de certains de ses amis cinéastes ne vienne pencher en sa faveur.
Ce qui étonne en premier lieu (quoique pas tant que ça si on se penche sur les productions Disney de cette période), c'est la noirceure ambiante du film de Murch, délaissant la magie du film original pour nous montrer un monde imaginaire complètement ravagé et une Dorothy dépressive et insomniaque à deux doigts de subir des électrochocs. Une sorte de "Sucker Punch" avant l'heure, nous montrant le pouvoir de l'imagination face à une réalité peu avenante.
Finalement plus proche de "Labyrinth" que du "Magicien d'Oz", le film de Walter Murch peine à atteindre la féerie d'un "Legend", la faute à un budget insuffisant et à l'absence d'une véritable vision, le tout manquant singulièrement d'ampleur. On retiendra cependant de cette production trop vite oubliée quelques idées bien flippantes pour un jeune public (la sorcière Mombi et ses multiples têtes) et surtout des effets de plateaux qui, malgré leurs défauts, auront toujours plus de charme et de magie en eux que tous les CGI du monde aussi couteux soient-ils.