ATTENTION : Critique mise à jour après une seconde séance et note rabaissée de six à cinq étoiles.
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Çà y est, je l'ai enfin vu.
Après une longue attente et un évènement savamment préparé, on a le droit a un blockbuster largement au dessus de la moyenne.
Je ne m'étendrai donc pas sur la très grande qualité des animations, graphismes et prises de vues. Ni de l'aspect extrêmement réussi des combats, où le côté visuel, primordial chez Del Toro, intègre une dynamique et même une frénésie mêlée d'innovation comme rarement vus à l'écran.
Plus d'un fois j'ai serré les poings ou freiné sur la moquette. Çà c'est plutôt bon.
J'ai adoré aussi les petites touches d'humour disséminées par-ci, par-là, comme le boulier de veille qui se met en marche après un monstrueux coup de latte évité par un kaiju, ou encore les containers et autre super tanker utilisés comme armes.
J'ai aimé aussi les multiples références en forme de clin d'oeils bien sentis au cinéma Japonais : Patlabor, Evangelion, Apple Seed, Godzilla...
L'aspect léché du film est également assez sympa.
On parle de Guilermo Del Toro. Pas une seule contre-performance sur l'ensemble de son oeuvre, mais aujourd'hui une étape de franchie...
Le film est très rythmé, la narration efficace et la mise en scène également. Mais j'avoue sans sourciller que ce film entre déjà dans ma liste de plaisirs coupables. Parce qu'il manque indéniablement quelque chose pour en faire un film exceptionnel, et surtout il rompt carrément avec le style posé, extrêmement visuel et oppressant de Guilermo Del Toro.
J'avoue par ailleurs que je suis un peu déçu par ce que j'appelle le syndrôme "Marvell" du cinéma Américain de ces dernières années et que je retrouve à regret dans Pacific Rim. L'industrie ne finance plus qu'une poignée de films à coups de centaine de millions de dollars, en ne prenant plus qu'un risque minimal. Et malheureusement le côté innovation, ambiance et profondeur pêche énormément, l'investissement exigeant un contrôle en contrepartie.
Je n'ai pas retrouvé par exemple ces longs plans séquences, ces moments calmes où les acteurs crèvent l'écran, ces dialogues intenses ou encore cette mise en scène très stylisée qui sont la marque de fabrique de Del Toro.
Exit également l'histoire construite et peaufinée à l'extrême, ces personnages atteignant une présence quasi mystique et surtout cette putain d'ambiance qui vous fait sursauter quand un couillon à l'autre de bout de la salle à la mauvaise idée d'éternuer. Pour moi, c'est d'abord ÇA, Guilermo Del Toro. Un scénar et une ambiance.
Ici, tout glisse, tout est un rythme, une ondulation. Bien sur ce film est excellent de ce point de vue, mais l'ouverture à un plus large public me fait redouter que ce réalisateur que j'apprécie tout particulièrement pour ces films si originaux ne passe du côté obscur de la Force.
Parce que je ne dirais pas que n'importe quel couillon peut sortir un blockbuster, mais disons simplement qu'ils se battent au portillon : Jon Favreau, Shane Black, Matthew Vaughn, Joss Whedon ou encore Joe Johnston savent tous nous pondre de films d'actions un temps soit peu rythmés, avec un petit brin d'humour noir de temps en temps. Tous ont la recette pour faire un film agréable. Agréable, mais pas excellent.
Car aucun n'ont en commun ce sens inné de la création et de la mise en scène, aucun n'ont la recette secrète de ces films d'auteurs qui peuvent clairement s'affranchir d'un gros budget pour passer à la postérité.
Dans aucun de leur film je n'ai eu cet effet de satisfaction intense, pauvre nouille que je suis, d'avoir été littéralement scotché par le scénario, immergé dans une ambiance unique, malsaine ou simplement envoûtante, où flottait pourtant une tâche de beauté et cette sensation d'être perdu sans repère dans un lieu inconnu.
Et c'est ce que je regrette amèrement.
Pacific Rim manque clairement de profondeur. On dirait que seuls les points négatifs du film attirent l'attention : Les personnages sont des archétypes de films de SF de base et les dialogues atteignent des summums de niaiserie (les discours de Stacker vers la fin du film, les dialogues père / fils, les joutes d'ados attardés entre les deux scientifiques, ou encore l'animosité ridicule entre les deux jeunes pilotes de Jaeger). On ne peut pas vraiment s'immerger dans le film avec tout ça, ni même avec cette histoire un peu trop légère à mon goût. Les rebondissements sont plutôt convenus et ils sont tellement prévisibles qu'on peut plutôt parler de soubresauts.
Certains dialogues sont tellement ridicules qu'on décroche du film et de son histoire.
Il est aussi facile de lui reprocher son histoire très Godzilla ou king kong, mais ça ne serait pas très fair play, puisque si ça rebute, vu que le film en fait son sujet principal, alors n'allez pas le voir.
Je finirai en parlant des clichés du genre, que je trouve un peu trop présents pour que ça reste agréable. Les acteurs qui en font des tonnes, les personnages très stéréotypés, le happy end ou les méchants politicards vs les gentils militaires, l'amourette entre Miko et Raleigh...
En voyant d'ailleurs la fameuse scène de bagarre entre les Raleigh Becket et Chuck Hansen (le perso principal et le fils du conducteur de Jaeger) j'ai revécu le pire de Top Gun, les serviettes mouillées et la douche en moins. Insupportable.
Je ne parle pas de Mako et de Stacker, incarnations de la potiche et du boss universels. On peut les prendre et les remplacer au choix dans :
- Godzilla
- Universal Soldier
- Fusion : The Core
- Avengers
- Transformers
(- Kung Fu Panda ???)
Celà étant dit, je ne dois pas rester sur un a priori et avoir peur de l'évolution. Je me défend quand même d'être un vieux con.
Je resterai donc sur un film QUE J'AI APPRÉCIÉ, (purée je l'ai bien aimé quand même !!!) jouissif, très réussi visuellement, avec un rythme maîtrisé à fond, mais auquel il manque la "patte" du maître :une profondeur et une ambiance envoûtante qui sont pourtant sa marque de fabrique habituelle.
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Après une deuxième séance, car j'ai voulu me donner un autre avis en y allant avec quelqu'un d'autre, je suis encore plus déçu.
Le côté marrant des combats ne suffit plus à maintenir l'attention. Je ne voyais plus que le côté vraiment lamentable des dialogues et les stéréotypes des films de SF.
J'ai complètement décroché. Je pense que je ne reverrais pas ce film, de peur de vraiment être déçu.
Après cette séance, j'ai également regretté de ne pas voir plus les autres équipages de Jaeger, qui ne sont finalement montrés que vers la fin du film. Il ne sont vraiment montrés que comme des faire-valoir. Une coquille vide.
Beaucoup de défauts m'ont vraiment agacé, je conseillerais donc de rester sur une première impression. Ce film est donc pour moi un joli paquet brillant, agréable à voir quand on découvre l'histoire, avec un rythme excellent, mais trop creux.