Je peux avoir un Jeager pour Noël ?
Pacific Rim est fantastique, est sûrement l'un des films de l'année, peut-être même de la décennie. Del Toro est un génie, c'est un cri d'amour envers le cinéma de divertissement, du pur bonheur... C'est en tout cas ce que tout le monde s'amuse à crier sur tous les toits. Cela se justifie t-il ? En quelque sorte oui, ça résulte de plusieurs facteurs à mon avis. Est-ce pour autant l'un des plus grands films du cinéma ? Certainement pas, mais ça ne l'empêche pas d'être rudement jouissif et bien orchestré.
Si on outrepasse le statut d'icône de Del Toro et tout ce battage autour de lui, Pacific Rim, en ces temps ou les blockbusters sont toujours plus idiots et surtout, toujours plus mensongers, ne proposant même pas une once de divertissement - World War Z je pense à toi - il se classe nettement au dessus du lot. De par sa générosité en termes d'actions et de divertissement pur, de par son humour ou de ses personnages charismatiques. Pacific Rim représente tout le contraire du blockbuster actuel à base de shaky-cam dégueulasse, d'effets spéciaux ras les pâquerettes ou de premier degré vomitif. Ces fameux duel titanesques entre Kaïju et Jeager, comme on pouvait voir des mechas se battre dans les animes japonais permettent d'offrir au spectateur un divertissement qu'il ne voit que trop peu au cinéma et permet au passage à son réalisateur de crier son amour envers un genre peu connu du grand public.
Un amour qui transpire par tous les pores de la pellicule tant Del Toro à pris un malin plaisir à orchestrer ces combats absolument dantesques, disons même fantastiques. C'est sublime, brutal, explosif, presque artistique et surtout épique. Servi par une bande son magistrale, les combats prennent une toute autre dimension. Ce n'est plus seulement un combat de géants mais bien de titans, un duel ultime entre l'homme et le monstre. Del Toro maîtrise du début à la fin ces séquences d'action, reléguant au fond de la salle les Michael "awesome" Bay ou autres Snyder et Nolan qui cherchent à toujours faire plus gros en se ramassant violemment contre le parquet. Difficile de ne pas prendre son pied devant un spectacle aussi grandiloquent.
Et malgré des personnages au premier abord caricaturaux voire même très clichés, on ne peut nier aussi leur profondeur et ces sentiments qu'ils arrivent à procurer envers nous, spectateur de ce spectacle. Véritables combattants, ils sont liés à leur machine. Ces robots déshumanisés mais qui prendront soudainement vie à travers les actes de leurs pilotes. Car c'est peut-être bien là que ce situe la différence entre Pacific Rim et un Transformers déjà oublié, c'est cette notion de rapport à la machine. Cette façon qu'ont les pilotes d'un Jeager à aimer leur machine, pourtant dénuée de paroles ou d'humanité mais qui finalement paraitra bien plus humaine que n'importe quel Decepticon pourtant lui, doué de parole. Cette façon qu'aura le pilote, pourtant seul, à tomber avec sa machine. Difficile d'ailleurs ne pas penser à des séries comme Gundam quand on voit cela.
Pas original pour un sou ni même profond en termes de message intrinsèque, Pacific Rim est pourtant une grande réussite. Un divertissement pur et une véritable victoire en soit sur le cinéma actuel. Car bien qu'il nous présente le combat de la machine contre l'extraterrestre, Pacific Rim est aussi le représentant de la victoire de la création sur l'appel de l'argent. La victoire d'un créateur sur la machine Hollywoodienne qui cherche à tout prix à retirer tout l'intérêt d'un divertissement à la base peut-être unique en son genre. Car même si Del Toro aurait pu approfondir son univers, ses personnages ou tout simplement son scénario, il à par contre pensé à proposer un véritable divertissement pour le grand public à partir d'une base pourtant obscure. C'est beau, c'est jouissif, c'est épique et tout ce que l'on voudrait faire, c'est partir en dérive afin de nous aussi, aller combattre les Kaijus, et ça, c'est pas tous les films qui nous le proposent.