[Ne pas lire si vous n'avez pas vu le film, ce n'est que SPOILERS et SPOILERS, ou alors vous avez tout pigé et vous savez qu'au fond vous avez déjà vu ce film 150 fois]


Putain ça y est ça commence à m'saouler. Je vais descendre ma note d'un point, mais comme on m'a déjà demandé à maintes reprises pourquoi un 7 si faible, j'anticipe et explique pourquoi un 6 si abyssal.


Pacific Rim est pour beaucoup, et ils ont fortement raison, JE NE LE NIE PAS, un des meilleurs blockbusters de ces dernières années, rêve "live" donnant vie à toute une imagerie florissante sur un joyeux terreau infantile où robots géants se castagnent la gueule avec monstres titanesques. Owi. Oui, ce film semblait être conçu pour devenir ma nouvelle référence.. et pourtant, c'est pas vraiment le cas.


[INSTANT PROMO]


Alors je ne vais pas énumérer toutes les qualités et défauts du film, du moins pas dans leur ensemble, ça a déjà été maintes fois fait, et bien fait. Tout ça n'aura rien d'une critique très objective ou même d'une critique tout court, et pour avoir des choses écrites avec enthousiasme, je vous conseillerais par exemple d'aller lire les textes de @real_folk_blues, @Aqualudo, @TotoroM, @Taguzu, @Kogepan ou @Battalpower (les premiers qui me viennent à l'esprit, désolé pour les autres). Et si vous avez besoin de lire du moins enthousiaste pour souffler un peu, et je l'avoue direct, de l'assez défoulatoire pour un haineux trop contenu tel que moi, les critiques de @guyness ou @parasaurolophus vous feront le plus grand bien. Celle de @Kenshin également, plus tempérée, saura calmer un peu votre euphorie débordante.


Bien, allons-y.


Non, Del Toro, que j'adule sur d'autres pellicules, ne m'a pas livré ici le film de mes rêves. Il ne m'a aucunement fait revenir à un âge enfantin et rêveur, ou bien trop peu par rapport à mes certainement bien trop grandes attentes.
Pourquoi ? Les millions de dollars sous lesquels il croulait ? Pas forcément. Si ce film n'a absolument rien de l'âme sublime d'un Labyrinthe de Pan, il n'a pas non plus le côté personnel et amoureux d'un Hellboy 2 plus friqué.
Et je sens que je ne vais pas pouvoir me retenir longtemps avant le coup de gueule.


Quand on me demande (vous êtes beaucoup, et pas qu'ici hélas) pourquoi je ne saute pas de joie à la simple évocation de ce film, j'accuse des personnages fadasses et creux, un scénario plus que convenu et assez (très) décevant dans ses révélations finales, un rythme mal conçu et une mise en scène loupée. A ça, on me répond que les personnages on s'en branle, qu'on est là pour voir de la tabasse entre robots et monstres de 5000 tonnes, et qu'en s'arrêtant à ça, on ne prendrait plus son pied devant des films comme Jurassic Park. Oui, beaucoup font le rapprochement avec le film de sauriens de Spielberg, Hideo Kojima lui même comparant les deux oeuvres dans ce qu'elles lui ont procuré comme émotions de jubilation.. très bien. Sauf que :


1 : Les personnages de Jurassic Park sont extrêmement bien vus et écrits. 20 ans plus tard, on cite encore Alan Grant terrorisant un marmot avec une griffe de raptor ou hurlant sous la pluie son "Cessez de bouger !". On cite Ian Malcolm parlant de théorie du Chaos, de gros tas d'merde et se gaussant comme un succulent connard sarcastique. On parle des gosses horripilants mais surtout horrifiés, adossés à un évier dans une cuisine glacé. On parle de la théorie de l'évolution par le Dr Ellie Sattler "Le dinosaure mange l'homme, la femme hérite de la Terre". S'il vous plait ? Qu'est ce que vous voulez citer quand vous sortez de Pacific Rim ? Une réplique qui vous a marqué ? Un personnage que vous n'avez pas eu envie de baffer ou d'éjecter du film ? Le "Si vous remontez dans un Jaeger vous allez mourir"-"Si je n'y vais pas on va tous mourir" C'EST DE LA RÉPLIQUE CULTE ÇA ? Non. Définitivement non, ne m'emmerdez pas, vous pouvez montrer les créatures les plus titanesques, vous ne pouvez pas vous passer de personnages bien écrits pour entrer dans l'histoire, à moins de bosser chez The Asylum, mais eux ce sont de vrais génies.


2 : La mise en scène. Que ce soit Jurassic Park ou même (c'est le moment ou je vais doubler mon effectif d'ennemis mais j'm'en tape) Avatar ou Avengers pour en citer des plus récents, la mise en scène est extrêmement importante pour faire ressentir un petit bourgeon d'exultation sur le point d'éclore devant tous ces amas boueux d'images numériques suintantes et violettes. Jurassic Park est sorti dans une époque qui requérait encore de dissimuler la plupart de ce qui constituait une menace, la suggestion (quelque chose d'essentiel qu'on a totalement oublié) prenant alors le pas sur le T'EN-A-DANS-LA-GUEULE-DU-DÉBUT-A-LA-FIN, trouvant dans cette restriction forcée mais contournée une force impérissable. Avatar, malgré tous les défauts qu'on peut lui trouver, et il y en a un paquet, savait scinder son histoire pour générer des moments purement explosifs ou tu restais scotché. Le film aussi mauvais/bon soit-il (c'est pas la question) était doté d'une "respiration". Avengers également, faisant de son rythme en crescendo une succession de scènes plus ou moins jouissives qu'on avait envie de revoir dès la sortie de la salle. Même l'ignoble Independence Day a su faire ça putain ! Mais là non.


Alors, je n'ai rien contre le fait de nous priver de l'arrivée du premier Kaiju et de nous plonger directement dans la merde ambiante, à vrai dire ça permet de profiter directement de la défoule offerte. Les deux frangins montent dans leur jouet pour casser du lézard. Le plus âgé est emporté, le plus jeune traumatisé. Il va digérer sa peine sur un mur en chantier, voguant d'un échafaudage à un autre pour gagner sa croûte. Cinq ans plus tard, le Colonel Trautmann vient chercher Rambo, son poulain, au camp de travail parce qu'il a besoin de lui pour une nouvelle mission, prendre des photos de... ah merde nan ça c'est autre chose.. Nan là c'est un Marshall black à moustache (attention compliment : Idris Elba a une vraie présence, et c'est surement, avec Ron Perlman, le personnage humain le plus intéressant (le seul ?) du film). Le Marshall explique l'ensemble de la situation à l'ancien pilote et lui présente Mako Mori, une experte en Jaegers au sombre passé. Son visage présente un beau mélange d'hargneuse sévérité et de tristesse résignée qui lui confère un vrai charisme... pendant 5 secondes. Et puis son fort minois se démolit en s'entaillant d'un sourire totalement niais alors qu'elle souffle à son protecteur colossal qu'elle n'imaginais pas ce pilote comme ça. C'est le début d'une love story qui, bien que totalement implicite et, à l'inverse de tout le reste, juste suggérée, foutra une bonne partie du film en l'air par sa mièvrerie proche d'un manga lourdingue empli de scènes se voulant cocasses mais tombant dans 99% des cas à l'eau, faute aux personnages plats et creux. J'espère que tous ceux qui crachent à longueur de temps sur Avatar ont bien remarqué que cette romance pourrie tombait de manière bien plus dégueulasse ici qu'au pays des géants bleus. Passons.


Un rythme qui n'en est pas un, proposant de la tabasse en folie du début à la fin, d'une très grande lisibilité mais au détriment d'une histoire bien écrite et de personnages importants ,qu'il soient humains ou non. J'en profite pour ajouter un truc justement (et oui, j'en ai pas terminé). Quand je parle de personnages, je parle aussi des Kaiju. Vous savez qu'on a besoin d'un méchant à détester dans un film. Réussir son méchant, c'est réussir une bonne partie de son intrigue. A détester et/ou à vénérer. C'est souvent la marque des plus grands films d'avoir les plus grands méchants. Et pour parler de monstres, que serait Godzilla sans son mythe ? Sans l'adoration qu'ont des millions de fans pour cet iguane nucléaire, dantesque et terrifiante balafre historique à la personnalité aussi neutre que destructrice... Que serait King Kong sans son attachement pour Ann ? Sans sa vorace agressivité pour son droit à la vie ? Que serait Gwangi sans son hurlement désespéré vers les cieux, chassé de chez lui, exposé et détruit par ce qu'on appelle la civilisation ? Rien de tout ça ici, aucun attachement, aucun Kaiju que vous retiendrez avec affection. CE SONT DES CLONES. Pantins à la solde d'aliens à têtes de calamars. Et qui sont ces aliens d'ailleurs ? Sont-ce les trois humanoïdes hébétés qu'on retrouve à la fin sur un rocher, devant le robot flottant dans la faille, à la limite de l'explosion, juste avant le plan sur le compte à rebours puis sur leur visages illuminé par la froide compréhension, hideusement repompé sur Independence Day ?


Conclusion de tout ça, ce film est hautement recommandable pour passer un moment défoulatoire. Del Toro est un amoureux de ce qu'il fait, et même s'il n'arrive pas forcément à le transmettre ici, il a quand même mis Ron Perlman qui fait une bonne partie de l'ensemble et ça c'est cool. Par contre, ce n'est pas ce Del Toro là que je veux pour une adaptation de Lovecraft au ciné. Je veux un Del Toro qui suggère, un Del Toro qui conte les affres et esquisse les abysses, je veux un Del Toro qui murmure dans les ténèbres et non un Del Toro qui PIF-PAF-POUUM BADAMOUM pendant tout le film.

zombiraptor

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