La Rage des Titans

Sur le papier, Pacific Rim n'a vraiment rien pour se distinguer: des gros monstres extraterrestres qui viennent anéantir l'espèce humaine, combattus par des gros robots mechas, avec un casting quasi inconnu en tête d'affiche. Le blockbuster lambda en approche...
Mais ce film est d'un niveau bien supérieur à tout ça.

Accrochez vos modules de calibrage et votre système de connexion neuronale, la chasse aux lézards shootés aux OGM commence maintenant.
Visuellement superbe, Pacific Rim se démarque beaucoup par l'intensité brutale des joutes de Jaeger, affrontements littéralement titanesques dont le succès doit beaucoup au gigantisme des deux camps. Le contrôle analogique des géants et le dynamisme de leurs mouvements n'est d'ailleurs pas sans rappeler l'excellent Real Steel.
Et puis il y a cette bande son regorgeant autant de lyrisme que d'adrénaline (Monsieur Game Of Thrones lui-même, un des "nouveaux" compositeurs à grand succès).
Et puis il y a ce côté explosif, démesuré et purement jouissif des bastons de mechas, ou comment utiliser un bateau cargo comme une batte de baseball. La furie dévastatrice des Transformers multipliée par 10 000, la rage de vaincre d'Independance day et le péril apocalyptique d'un Armaggeddon.

Impossible de voir les titans et les monstres de Pacific Rim sans évoquer les ténors du genre: Godzilla, Cloverfield voir Warhammer 40000 pour ne citer qu'eux. Et même, si on va chercher loin, une pincée du manga Evangelion dans la mise en scène des colosses de métal.
Car c'est là une des forces de l'œuvre de Guillermo Del Toro: elle s'inspire de genres du monde entier, autant de la fureur des blockbusters américains que du côté démesuré des productions japonaises.
Car avec un réalisateur mexicain, des acteurs britanniques, américains et japonais, une action se déroulant à Hong Kong (et pas à Manhattan ou L.A) et des Jaeger construits par les nations du monde entier (Striker est Australien), PR est un blockbuster international et non un blockbuster américain; et c'est véritablement ce qui le distingue des productions ultrapatriotiques produites en série.

S'il a été intéressant, à mon sens, de prendre un casting méconnu pour éviter une idolâtrie insupportable d'un acteur star (cf WWZ), ainsi que des comédiens de différents pays, le jeu d'acteur n'a pourtant rien d'extraordinaire. En témoignent les mimiques des deux scientifiques, énervantes, le ptit côté art martiaux dont on se serait passé, les tirades si connues de films catastrophes... Seules l'émotion et la colère des deux héros -Raleigh et Mako- sortent un peu du lot.
De plus, j'avoue que contrairement à Man Of Steel -que j'attendais avec impatience-, j'étais très sceptique quand à Pacific Rim. Mais il faut bien admettre que ça envoie du lourd.

Car bizarrement on y croit.
On y croit, on croit en ce gros morceau de science fiction colossale qui nous prend les tripes du début à la fin. On croit en ce système de connexions neuronales conjugué à un partage de souvenirs pour piloter les Jaeger. On croit en la lutte impitoyable de l'humanité pour cramer au plasma la tronche des vilains Kaiju.
On croit en l'héroïsme pur de nos personnages.
Ainsi, Pacific Rim sort du lot sans être un ovni du genre, perpétue la tradition tout en signant la marque del Toro, réalisateur plébiscité par la singularité de ses créations.

Un des 10 meilleurs blockbusters de l'année à n'en pas douter, une décharge d'adrénaline de géant et un film catastrophe qui se défend très très bien. La preuve que même dans ce vieux genre, on peux encore en 2013 produire des perles.


Good job. Good fishing.