Marshal Obvious

Voilà ce qui arrive quand les cinéastes cessent de pomper leurs scénarios à droite à gauche dans des adaptations de ci, des préquels/séquels de ça ou des remakes d’autre chose. Lorsqu’un scénario semble un temps soit peu sortir des sentiers battus et proposer une idée un temps soit peu originale, on va repomper nos vieux clichés, bref tout ce qui a fait l’apogée du cinéma d’action/science-fiction de l’époque.

On est sans aucun doute très nombreux à avoir littéralement bandé devant la bande annonce, soyez honnêtes, des monstres badass, des robots à rendre Megatron kawaii, des effets spéciaux qui annonçaient déjà la couleur et de la pure action qui nous mettait sans détour la fumée à la bouche. On ne pouvait pas vraiment demander plus à ce fan service que nous offrait Guillermo Del Toro. Car oui, Pacific Rim s’est largement vendu comme tel. Une histoire proche du mythe de Cthulhu vaguement mélangé à la sauce de l’univers de Godzilla tout en s’inspirant d’Evangelion, si je puis dire, du lourd, du très très lourd.

Mais c’est bourré de clichés. Les personnages sont clichés, les situations sont clichés, le déroulement des actions est cliché, l’histoire elle-même est plus ou moins du déjà vu, à quelques détails près. Mais celle-ci reste intéressante et méritait d’être développée, sûrement dans le 2 ? Une foule de détails pouvait fournir matière à développer l’arrière-plan de l’histoire, comme la dérive entre deux esprits et le fait de vivre les souvenirs de l’autre, une certaine physique dans le néant avec le tuyau qui sépare 2 monde du haut de l’un vers le bas de l’autre, tout ce qui a trait à la race extraterrestre et j’en passe, comme une évolution sur la présence des dinosaure qui aurait pu être faite.
Les effets spéciaux sont juste vraiment superbes (bon pour le prix que le film leur a coûté c’est bien la moindre des choses) et les combats sont extrêmement exaltants et impressionnants. Mais voilà, il y a une sensation de déjà vu tout au long du film avec quasiment tout ce qui se passe même avec les personnages, surtout avec les personnages, leurs caractères et leurs relations. Notamment avec Mako, la jeune fille, et plus que tout avec l’espèce de nerd coiffé d’une chiure de panda qui sera insupportable jusqu’à la fin.
On peut rajouter à cela des « captain obvious » dissimulés un peu partout avec des répliques parfois aussi improbables qu’inutiles, saupoudrées de ci de là de quelques punchlines bien trouvées. Le film en vient à se payer le ridicule qu’il met en scène, comme si pour Guillermo Del Toro tout ceci n’était presque qu’une vaste blague, comme le coups de la pendule de Newton ou des volatiles qui quittent la bite d’amarrage lorsqu’un Jagger le bouscule légèrement. On en viendrait presque à lire au début du générique de fin : « Message à Michael Bay. J’en ai une plus grosse que toi. Ton poto, Guillermo. »

On pourra également noter quelques détails qu’il s’avère intéressant de notifier, comme l’insistance sur le fait que le Jagger Gypsi n’est pas numérique. Ce qui laisse place à plusieurs reprises le constat que la technologie que nous chérissons n’est peut-être pas développée dans le bon sens, et qu’au lieu de se rendre indépendant d’une ressource dont nous n’avons pas le contrôle entier, nous nous rendons esclave d’une technologie qui n’est pas suffisamment fiable pour qu’on en soit aveuglément confiant. Il y a également l’aspect de marchandage des parties du corps des monstres et la légitimité politique de ceux-ci. Et là encore j’en passe et des meilleurs.

En définitive, Pacific Rim est l’apologie du fan service, et j’ai été assez fan pour prendre les défauts majeurs du film au second degré et avoir passé un très agréable moment. Et puis j’ai bandé avec la bande annonce, j’ai forcément fini par jouir avec les affrontements surréalistes et démesurés.