Pacte avec un tueur par Jorje
On retrouve ici le style simple, rapide et efficace de Flynn, mais on sent que les années sombres de l'après-Vietnam ont laissé place à quelque chose de plus léger, au vice plus insidieux (le sous-texte politique du film est clairement paranoïaque). Le duo mal assorti du film fait écho à ces amitiés viriles des films précédents de Flynn, même s'il manque à Pacte avec un tueur la force de The Outfit ou Rolling Thunder, qui étaient portés par la motivation de leur personnage principal (se venger).
Ici les choses sont plus complexes, et la dynamique du film réside dans l’ambiguïté de cette association entre un flic-écrivain et un tueur. Le personnage fantasque de Woods reste mystérieux dans ses motivations jusqu'à la fin, où il doit faire un choix qui éclaire toute sa trajectoire ; quant au personnage de Dennehy, qui hésite sans cesse dans ses sentiments vis-à-vis de son acolyte, il aurait mérité d'être mieux écrit. Les quelques scènes où il joue de son physique d'armoire à glace sont vraiment jubilatoires, et font regretter que ce type n'ait pas eu plus de premiers rôles à endosser. La meilleure scène du film est celle où chacun des deux personnages joue son rôle à fond : celle du bar, où un Woods en roue libre cherche à prouver à un Dennehy monolithique qu'il n'a peur de rien, on n'est pas loin d'un buddy movie à la 48 Heures à ce moment-là, en plus dérangeant, et c'est vraiment bien.
Je retiens aussi cette scène du repas en famille où est subtilement suggéré que la mère de Cleve (Woods) a toujours su que son fils était dangereux sans jamais rien dire : en l'espace de deux plans qui durent moins d'une seconde, on a tout compris. Ce sens du détail est révélateur du cinéma de John Flynn : bourrin certes, mais juste et soigné.