Je dois l'avouer, j'ai beaucoup de mal avec le personnage de Paddington, dont l'épuisante gentillesse et l'inébranlable foi en l'humanité fait renaître en moi des élans képons que je croyais bien enfouis depuis mes 20 ans. Nonobstant l'abjection absolue que représente l'idée d'ingérer des tartines de marmelade, il y a dans ce "Paddington 2" une accumulation de fautes impardonnables qui devraient valoir au dénommé Paul King douze mois au moins de travaux d'intérêt général, comme le nettoyage à la brosse à dents électrique de la fosse aux ours du London Zoo : l'absence de scénario décent dans un film pour enfants est certes une caractéristique trop commune pour être encore relevée, ainsi que la lourdeur avec laquelle la moindre "idée" est assénée par une narration pourtant totalement incohérente, mais l'humiliation systématique de bons (Hugh Grant, Sally Hawkins), voire de grands (Brendan Gleeson) acteurs est un crime contre le Cinéma et l'amour que nous portons à ces acteurs. Et si la laideur colorée de l'image fait régulièrement monter le vomis dans la gorge du père de famille qui voit en un peu plus d'une heure tous ses efforts pour éduquer esthétiquement sa progéniture réduits à néant, que dire de la manière dont l'énergie multiculturelle londonienne est réduite ici à un consensus mou autour du vivre ensemble entre voisins séniles d'un quartier riche ? Et, finalement, ne peut-on pas attendre d'un film européen (il est vrai qu'Hollywood a déjà bien abusé du lieu...) un minimum de respect de la géographie sud-américaine et des centaines de kilomètres qui séparent le Pérou des chutes d'Iguaçu ? [Critique écrite en 2017]