L'autre Aladdin

Une grosse production Bollywoodienne en costumes à l'esthétique extrêmement léchée mais qui s'avère bien moins lisse qu'il n'y paraît. S'inspirant d'une légende folklorique le propos du film aborde néanmoins des thématiques assez osées sur le plan du politiquement correct, à tel point qu'il s'est pris plusieurs polémiques et censures dans la tronche qui l'ont presque empêché de sortir en Inde. Faut dire que le contexte du sous continent est particulièrement sensible : entre son système de castes, ses religions, ses divers dialectes, communautés et autres singularités c'était burné de s'attaquer à un sujet polémique dans une grosse production et de conclure par un tel final, on est loin des calculs bienpensants des majors américaines.
Le mélange des genres reste assez insolite pour les non habitués au style Bollywoodien, les passages de comédie musicale arrivent sans crier gare et tout le sérieux de la scène s'évapore allégrement quand les protagonistes se mettent spontanément à danser en cadence. Les acteurs passent d'un état à l'autre sans problème, le méchant dégage un charisme et une aura menaçante continue, le couple royal a la prestance quasi divine qui convient et les rôles secondaires comme le brahman ou l'esclave du sultan apportent du relief à l'ensemble. Les personnages ont vraiment du caractère et ils n'agissent pas de manière incohérente comme souvent dans les gros films indiens qui font les choux gras des best of de scènes d'actions WTF sur youtube. Cette qualité scénaristique se retrouve dans la l'acuité des dialogues et confère à l'ensemble une dimension épique crédible. Tout ça est aussi magnifié sur le plan esthétique, la réalisation pubesque fait ressembler le métrage à un long spot promotionnel pour du café ou du parfum. Malgré une c.g.i un peu cheap cette perfection formelle, quoique assez redondante dans ses angles de vue et ses nombreux ralentis, s'accorde idéalement au caractère légendaire du projet. Bref une grande fresque épique qui en met plein les mirettes si toutefois on parvient jusqu'au bout du pré-générique interminable (environ 15 minutes quand même).