Difficile d'écrire le livre de sa vie puis de l'adapter au cinéma. Pourtant, même si l'adaptation est réussie, je n'en reste pas moins convaincu que P.Taviani fait partie de cette génération de soixante-huitards remettant en cause toute autorité faisant mine de s'en dégager pour finalement imposer la sienne dans le style "vous aimerez mon film et je suis cool contrairement à mon père et si vous ne pensez pas comme moi alors vous êtes comme lui".
Le film est juste et capté de façon intéressante, montrant un réalisateur qui donne l'autorisation à son acteur principal d'incarner son père patron donnant le La dès le début, mais franchement, l'histoire touchante de ce berger Sarde éduqué à la manière de gens de la terre très terre-à-terre finit par terre par moments. Car finalement tout y passe : la paysannerie : coupable, le service militaire obligatoire : coupable, l’Église Catholique : très coupable, les femmes : très ultra coupables... Tout le monde y passe mais à aucun moment le réalisateur ne se pose de question sur lui-même, rejetant un modèle éducatif rigide qu'il finit finalement par récréer d'une autre manière en modèle psycho-rigide.
Nous avons tous connus une éducation plus ou moins difficile, parfois au ceinturon (ou autre) et pour autant nous n'en voulons pas tous à la terre entière. Il suffit juste au moment de l'accès à la raison, au savoir et à l'indépendance, d'arriver à prendre assez de recul pour se dire que nous ne sommes nous-mêmes pas des êtres parfaits...
Juger ses parents, rejeter son père et son enfance à ce point est à mon sens le signe que le réalisateur est convaincu du contraire, ce qui lui permet de se complaire dans une fausse tolérance.