Padre Padrone est à mi chemin entre une œuvre documentaire et une œuvre de fiction. Documentaire d’abord, car elle retrace avec des détails parfois troublants, l’histoire vraie d’un jeune berger sarde retiré du cycle scolaire par son père, dans le but de subvenir aux besoins familiaux. Fiction ensuite, grâce notamment à l’utilisation intelligente des sons et de la musique.
Ainsi, on a affaire par exemple aux états d’âme d’un mouton qui refuse d’être trait, et à d’autres émotions qui passent par la musique telle une valse de Strauss qui jaillit à la tête du père, tel un coup de poing, dès qu’il comprend que son fils lui échappe. En effet, le fils, solitaire, puisque reclus dans les montagnes de Sardaigne depuis son enfance n’à qu’une seule envie : s’affranchir de sa condition, et surtout de l’autorité du père qui l’empêche d’être celui qu’il voudrait.
Il y parviendra, et deviendra professeur de linguistique avant d’écrire son autobiographie dont est tiré ce film.
La réalisation des frères Taviani ne manque pas non plus d’inventivité dans le montage, notamment dans la magnifique mise en abîme du personnage de Gavino, le fils berger qui apparaît en personne (le vrai, celui dont l’histoire est tirée, et qui introduit le film) pour tendre un bâton de berger à celui qui joue son père.
Tournée à l’origine pour la télévision italienne, Padre Padrone se fit remarquer internationalement en recevant la Palme d'Or du festival de Cannes 1977 des mains de Roberto Rossellini.
On ne peut d'ailleurs que remarquer les influences du réalisateur de "Paisà" et "Rome, ville ouverte" sur les deux jeunes réalisateurs.