Le grand chantage
L'écrivain américain Elmore Leonard a vu Hollywood s'intéresser très vite à ses romans, et nombre d'entre eux ont fait l'objet d'adaptations ciné : des westerns au début (tels que "3:10 to Yuma"),...
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le 2 mars 2020
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L'écrivain américain Elmore Leonard a vu Hollywood s'intéresser très vite à ses romans, et nombre d'entre eux ont fait l'objet d'adaptations ciné : des westerns au début (tels que "3:10 to Yuma"), quelques navets également ("The Big Bounce", "Cat Chaser"), avant la consécration à la fin des années 90 avec le trio "Get Shorty" - "Jackie Brown" - "Out of Sight".
Une dizaine d'années auparavant, les cousins Menahem Golan et Yoram Globus avaient flairé la tendance et lancé la production de "52 Pick-Up", une série B sexy et déjantée avec Roy Scheider.
Cette production Cannon ne restera certes pas dans les annales du cinéma, mais constitue un thriller efficace, autour d'une histoire de chantage à l'adultère qui tourne mal, adaptation du roman "Paiement cash", dont Elmore Leonard se charge lui-même.
D'autre part, Golan et Globus parviennent à réunir une belle distribution autour de la star Roy Scheider : son épouse bafouée a les traits de la suédoise Ann-Margret, sa jeune maîtresse est incarnée par la pulpeuse Kelly Preston (future Mme Travolta à la ville), tandis que le trio de méchants est mené par le frappadingue John Glover.
Sans oublier la présence de la belle métisse Vanity - chanteuse célèbre dans les eighties, souvent affiliée à Prince, son mentor à l'époque - qui offre dans le film un numéro topless muy caliente…
D'ailleurs on retrouve au casting de véritables vedettes de l'industrie porno (Amber Lynn, Sharon Mitchell, Ron Jeremy...), ce qui démontre le positionnement délibérément "adulte" de "52 Pick-Up", avec un grand nombre de scènes dénudées au cours du film, qui apparaissent souvent gratuites mais s'inscrivent bien dans l'ambiance générale de cette Californie jouisseuse et décomplexée.
Enfin, le choix de confier la réalisation à John Frankenheimer confère au film une certaine tenue générale, et une belle efficacité dans les scènes d'action, d'autant que l'atmosphère ensoleillée et décontractée "à la Elmore Leonard" s'avère parfaitement restituée.
On en arrive ainsi à ce qui fâche dans "52 Pick-Up" : si certains personnages déjantés sont fidèles à l'univers de l'écrivain, je ne suis guère friand pour ma part de ce genre de caricatures sur pattes, dans le registre loufoque-rigolo (Leo) ou sociopathe-blagueur (Alan), qui s'inscrivent assez mal dans un contexte de polar hard boiled.
Ces deux clowns amusent un temps, mais finissent par apparaître fatigants, desservant l'atmosphère sombre et inquiétante qui devrait s'installer. Cet aspect pieds nickelés neutralise ainsi le potentiel de dangerosité de Bobby, l'effrayant tueur black dénué d'émotion, toujours sous l'emprise de diverses drogues.
On pourra déplorer en outre quelques chutes de rythme et une certaine confusion narrative, avec des comportements pas toujours cohérents.
Ces quelques lacunes n'empêchent pas d'apprécier "52 Pick-Up", mais contribue à maintenir ce divertissement au rang d'aimable série B, moins ample et maîtrisé par exemple que l'adaptation de Soderbergh ("Out of Sight").
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes HOLLYWOOD NIGHT : Polars/thrillers 90's, Polars ciné adaptés de best sellers et Les meilleurs films avec Roy Scheider
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le 2 mars 2020
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