Il fallait bien que ça arrive un jour. Me voilà bien con, sorti d'un film de papy Clint et dans l'incapacité de lui attribuer la moyenne. Il y a pourtant dans Pale Rider toutes les composantes de son cinéma. Mais rien à faire, dans ce cas précis, je n'ai pas marché. Pour tout dire, je dois avouer m'être beaucoup ennuyé devant ce spectacle qui repousse les limites raisonnables du manichéisme eastwoodien. D'abord parce qu'il oppose de gentils gentils à de méchants méchants, mais j'ai envie de dire que ça on a l'habitude et que ce n'est pas particulièrement gênant dans d'autres films du maître.
Non, la grosse faille de Pale Rider, c'est le pale rider lui-même, cette figure biblique débarquée tout droit des cieux (rien que ça) pour défendre la veuve et la pisseuse. Un personnage qui dépasse le simple statut de héros pour s'affirmer en rouleau compresseur infaillible et droit sur sa monture. Comment dès lors éprouver le moindre frisson, la moindre empathie pour un protagoniste dont on sait à l'avance qu'il ne lui arrivera rien, et pire, qu'il traversera le film sans la moindre égratignure ?
Comment d'ailleurs éprouver quoi que ce soit face à un film aussi engoncé dans son classicisme et son rythme paresseux, face à un scénario vu et revu qui semble avoir été bricolé vite fait sans prise de tête ? Comment ne pas se poser des questions quand le grand méchant débauche huit guignols planqués à l'autre bout de l'Amérique pour tuer un mec, alors qu'il a visiblement à sa disposition une armée de voyous à la gâchette facile (la scène d'intro...) ? Et encore tout cela n'est pas grand chose au regard du "grand" final, durant lequel les éperons de Clint se mettent en mode silencieux quand il le faut (c'est bien pratique pour jouer au cow-boy ninja...), l'inspecteur Harry en gabardine se planque exactement là où il faut pour surprendre ses pitoyables adversaires, et le mec qui n'avait pas de cheval arrive pile au moment où Iron Man allait enfin se prendre sa première balle du film.
Evidemment Pale Rider n'est pas une purge, loin de là, mais j'attends plus de Clint qu'une oeuvre aussi rachitique, terne, convenue, sans prise de risque, tellement sûre de son coup qu'elle n'ose pas sortir des sentiers battus. On frise l'auto-parodie.