Palm Trees and Power Lines vous plonge dans l'emprise psychologique, dans la dépendance malsaine d'une femme envers l'homme qui la manipule. Présenté au Festival de Deauville, ce film a séparé la salle en deux de façon très nette, dès la fin de sa dernière scène : pour nous, d'une tristesse pathétique de

se dire que cette jeune femme revient se mettre entre les pattes d'un énergumène pareil (on est très pessimiste pour la suite),

tandis qu'un public plus âgé, ayant peut-être connu les affres des relations toxiques, se concentrait surtout sur le

caractère inéluctable du besoin de revenir ("à dix-sept ans, de toute façon, on n'est pas très clairvoyant, elle le quittera bien plus tard, à moins qu'il ne change"...). Qu'on se le dise, ce constat nous a assez embêté, en laissant un peu trop éclater la joie de l'héroïne lorsqu'elle recontacte son bourreau, et en ne soulignant finalement pas assez que ce recommencement est une mauvaise chose (il y aura, de toute façon, un groupuscule de spectateurs qui y verront une justification sur le fait qu'elle a raison de revenir... Soupir.)

Malheureusement, Jamie Dack le confirme en session de questions-réponses en disant que le public international ne s'interroge pas sur cette fin, la réalisatrice écrème cette question de morale finale pour la première fois avec le public français, et c'est bien ce qui l'inquiète (et elle de conclure qu'il y a encore beaucoup de chemin à faire...). Jamie Dack, a même pris la liberté de ne pas suivre la fin du fait divers dont elle s'est inspirée (la jeune femme n'arrivait pas à recontacter son bourreau, et elle finissait à la fois soulagée mais aussi triste du fait de son Syndrome de Stockholm). En toute honnêteté, on aurait préféré mille fois cette fin, voir la cicatrice rougie qui fait mal sur le moment (se faire abandonner après un amour aveugle) mais qui, en blanchissant, aide à avancer. Aussi, on a eu parfois du mal à croire à ce personnage si aveugle sur le manège de son bourreau (on met cela sur le compte de l'âge, de la découverte du corps, des sentiments, des premières vraies erreurs de jugement... Ce qui nous a été vite démenti dans la salle, les plus jeunes étant les premiers à réagir pleinement aux "alertes rouges" de la toxicité de la relation), tandis que visuellement, on apprécie les beaux plans inspirés (de l'aveu de la réalisatrice, également photographe de profession) des films de Wong Kar Wai, on aime voir Jonathan Tucker jouer le mec véreux (il a lu les contes de Grimm et a "fait comme le loup qui charme la fillette"... C'est simple, et vraiment efficace !), et on transpire en voyant les scènes d'intimité entre Jonathan Tucker (40 ans) et Lily McInerny (24 ans), ce qu'on salue (les scènes n'ont pas été doublées, les acteurs ayant fait beaucoup de préparation et d'aménagement de ces scènes, en vue de pouvoir les jouer eux-mêmes). Cette fin ne nous a subjectivement pas plu (on aurait préféré la cicatrice, le sparadrap sale qu'on retire d'un coup sec), et le personnage principal nous donne des envies de le secouer, mais on ne boude certainement pas l'interprétation, la belle photographie, l'investissement des acteurs dans les scènes compliquées, et évidemment le débat (salutaire) qu'il lance entre les spectateurs. Et pour ceux qui se questionnent plutôt sur le titre (chacun son débat), on imagine qu'il veut montrer deux éléments incompatibles (les palmiers et les lignes haute tension), qui ne vont pas bien ensemble dans le paysage...

Aude_L
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le 13 févr. 2023

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