Feel Safe.
Beaucoup le savent, mais le répéter ne fera de mal à personne : Joe Dante est un homme indispensable au cinéma. Orfèvre de l’image, inventeur fou, enfant éternel, c’est une créature en jubilation...
le 3 déc. 2014
69 j'aime
4
Joe Dante est un de ses réalisateurs à avoir visuellement marqué mon enfance avec Gremlins (I et II) et l'Aventure intérieure, trois films qui m'ont fasciné et terrifié à un âge où les limites du possible ne se cantonnent pas à la toile blanche d'une salle de cinéma et où le 4ème mur n'existe pas.
Panic sur Florida Beach (Matinee) est tombé récemment par hasard devant mes yeux. La dernière fois que j'avais atterri devant un film du réalisateur de Piranha et Hurlements (toujours pas vus à ce jour), c'était pour Small Soldiers. Echec.
Au visionnage, j'ignorais tout de la date de sortie de cette étrange série B/Z et il faut reconnaître que le réalisateur colle parfaitement aux années 60.
Sur fond de crise cubaine, dans le climat de tension nucléaire entre les Etats-Unis et l'URSS, John Goodman incarne un réalisateur excentrique et ingénieux, faiseur de nanars en tout genre dont le dernier en date, Mant, coup de génie et mot-valise pour désigner un homme/man qui mute en fourmi/ant, doit être présenté en sa présence dans la petite ville de Key West.
Rien de bien transcendant sur le papier et c'est là que survient le déchirement à critiquer cet objet singulier.
Si Panic sur Florida Beach se regarde avec une pointe d'ennui, il n'en reste pas moins un formidable hommage du réalisateur aux films de monstres des années 50. On devine sans mal d'où vient l'amour de Dante pour le cinéma à travers les gamins du film, prêts à s'extasier devant l'improbable créature imaginée par le fantasque Lawrence Woolsey/John Goodman.
La salle aux sièges de velours rouge prend ici des allures de temple du divertissement, véritable machine à émotions lorsque les lumières s'éteignent pour laisser la bobine se dérouler.
Mais c'est pourtant ce qui fait défaut au film, des émotions. Malgré quelques sourires arrachés par des dialogues parfois savoureux d'ironie et de second degré, on ne ressent que peu de choses pour ces hommes et ces femmes et on se contente de remarquer toute la technique narrative du réalisateur pour pointer du doigt certaines réalités. La crise de Cuba bien sûr, mais au delà, Dante confrontait déjà le réel et l'imaginaire, faisant un pied de nez avant l'heure à tous ceux qui accusent encore le cinéma et autres jeux-vidéos de susciter la violence quand celle-ci n'a définitivement pas besoin d'inspiration pour atteindre des sommets. Et si il est indéniable dans le contexte du film que le cinéma constitue une échappatoire jouissive, Dante va jusqu'à faire fondre la frontière entre réel et imaginaire pour très justement rappeler que l'image n'est pas exempte d'interprétations aux répercussions parfois malheureuses et inattendues. Pour cela, il injecte dans le personnage de réalisateur inventif de Goodman une dose d'ingéniosité en faisant du cinéma 4D avant l'heure grâce à des stratagèmes disséminés dans la salle.
Bref, c'est là toute la difficulté pour moi de critiquer ce film qui ne réussit pas à me faire ressentir l'amour qui y est dépeint pour le 7ème art alors que la technique au pinceau est absolument bluffante.
Créée
le 5 nov. 2017
Critique lue 555 fois
4 j'aime
1 commentaire
D'autres avis sur Panic sur Florida Beach
Beaucoup le savent, mais le répéter ne fera de mal à personne : Joe Dante est un homme indispensable au cinéma. Orfèvre de l’image, inventeur fou, enfant éternel, c’est une créature en jubilation...
le 3 déc. 2014
69 j'aime
4
Près de trois ans après le semi-échec du pourtant délirant Gremlins 2, le cinéaste Joe Dante revenait sur les écrans géants avec ce projet ô combien personnel, mais qui ne connaîtra malheureusement...
Par
le 19 avr. 2015
39 j'aime
3
Mâtin, quel film étrange ! Premier paradoxe: on est persuadé d'assister à un film des années 80 (années de naissance artistique du Joe Dante), et on est donc étonné d'être passé à côté à l'époque (en...
Par
le 26 juin 2011
35 j'aime
3
Du même critique
Une bande annonce faite de beaux paysages où viennent s'inscrire shamanisme et étrangeté malsaine, un film d'horreur à la sauce documentaire, Thaïlandais, avec Na Hong-Jin à la production et en tant...
Par
le 16 déc. 2021
10 j'aime
3ème film de Na Hong-jin, réalisateur de The Chaser qui m'avait déjà époustouflé, et bien c'est une nouvelle fois chose faite avec The Strangers. Impossible d'écrire une critique constructive en...
Par
le 31 juil. 2016
9 j'aime
3
The Lure, Corki Dancingu de son vrai titre, traduisez littéralement avec Google Translate Filles dansant, est un film polonais qui mérite le détour, quoi qu'on en pense. Il fait partie de ces films...
Par
le 6 avr. 2020
8 j'aime