Un tueur souhaite se retirer, pour aller vivre avec sa belle. Mais avant cela, il doit effectuer un dernier job, le plus dangereux de tous (sans blague).
Voici un film singulier pour les années 2010... on a l'impression de vivre un double voyage dans le temps. Dans le futur tout d'abord, pour engager dans le rôle principal un Zlatan Ibrahimovic d'une cinquantaine d'années, avant de remonter jusque dans les années 90 pour y débusquer un réalisateur hongkongais ou coréen.
Le film use et abuse des clichés des films de tueurs : le code d'honneur, la blonde innocente (doublement innocente car aveugle de surcroît), la musique emphatique, les scènes de duels improbables et invraisemblables, la dimension tragique opératique, l'introspection via la voix off, les ralentis. On passe de The Killer à Crying Freeman, avec un petit détour par Il était une fois dans l'Ouest.
Mais là où John Wick se montrait post-moderne dans le ton, Panzehir semble dérouler son premier degré du début à la fin. Il y a 20 ans, le film serait devenu instantanément culte. Aujourd'hui, il peut paraître un peu daté dans son approche, dans ses références.
Cependant... il est généreux, très généreux. Et surtout porté par un Zlat... par Emin Boztepe, acteur principal et maître en arts martiaux à la carrure et au charisme certains. Il se pose là, dans chaque scène. Et quand il nous gratifie de sa voix d'outre-tombe, on serait presque en émoi.
La légende dit qu'après avoir engagé Emin Boztepe, ils ont dû réfléchir au titre du film. Ils hésitaient entre "Katil" (tueur), "Iblis" (démon) et "Panzehir" (antidote). Un stagiaire allemand aurait dit que "Katil" et "Iblis" ça ne ressemblait à rien, mais que l'autre titre faisait penser à Panzer, et que ça correspondait bien à l'acteur principal.
Voilà pourquoi le film s'appelle "antidote", un titre un peu moyen, mais parce qu'en turc, "Panzehir", ça déchire.