Les personnages hauts en couleur, les situations burlesques, la folie tapie au coin de chaque plan, l'omniprésence de la musique des Balkans, l'âme slave - son sentimentalisme et ses excès... bref, le folklore, voilà ce qui caractérise le Kusturica qui m'avait conquis avec, notamment, Underground ou Chat noir, chat blanc.
Cet univers n'est encore qu'en germes dans ce film de jeunesse qui ne démérite pas mais auquel il manque peut-être une patte spécifique affirmée. Quelques belles scènes tout de même :
- la scène où Malik somnambule marche sur un pont étroit, vécue avec intensité dans le regard de sa mère ;
- celle où les deux époux se retrouvent sur le quai de la gare, se cherchant à travers les murs de vapeur que crache la locomotive ;
- plus tard, Malik faisant échouer le projet de câlin de ses parents, et le désespoir qu'exprime Sena ;
- la scène du bain entre Malik et son amoureuse, puis celle où il la voit partir en ambulance ;
- la scène où Ankica essaie de se suicider mais ne parvient qu'à... tirer la chasse d'eau.
De belles fulgurances, mais le film dans l'ensemble ne parvient pas à captiver totalement.
Mirjana Karanovic, qui joue Sena, entre révolte et résignation, est remarquable de bout en bout.
6,5