Emir était encore à l'époque trop sage !!!
Première de deux Palmes d'or pour Emir Kusturica, "Papa est en voyage d'affaires" montrait déjà le parti-pris du réalisateur de raconter une histoire dramatique sur un ton distancié, un peu léger mais jamais dénué d'humanité même pour les personnages les plus négatifs, même si ici c'est pas pleinement réussi.
La période racontée dans le film, celle du "divorce" entre Tito et Staline, et le fait que cette dernière soit vue la plupart du temps à travers les yeux d'un gamin suffisent à insuffler un minimum d'intérêt au film. Mais le cinéaste n'avait pas encore l'aspect foutraque qui caractérise si bien son cinéma, qui fait les défauts de ses œuvres mais qui permet en même temps de faire ressortir de véritables moments grandioses de lyrisme. Il se retenait encore et c'est dommage...
Sa mise en scène et son ton étaient encore trop sages. Par exemple, l'aspect de l'histoire et de son fond politique où un homme peut être envoyé en camp de travail juste pour avoir dit d'une caricature se moquant du "Petit Père des peuples" que celle-ci est exagérée aurait largement pu être traité d'une manière tragi-comique, et si Kusturica avait réalisé son film quelques années plus tard on peut légitimement penser qu'il l'aurait fait, or hélas ce n'est pas le cas.
Le réalisateur se retenait, ce qui empêche grandement d'être emporté par l'histoire.