J'ai lu ça et là les habituelles critiques fainéantes déplorant qu'en France autant qu'aux USA, on se laisse aller à la facilité des "suites" au lieu de "créer" de nouveaux sujets. Le triomphe de la série TV depuis maintenant deux décennies démontre au contraire la validité artistique d'un récit qui suit ses personnages sur le long terme, et la chronique "familiale" d'une séparation, comme c'est la cas ici, est évidemment un argument idéal pour répéter, enrichir et renouveler l'attachement des spectateurs envers des personnages et des situations faisant écho à leurs propres préoccupations. Ceci dit, il faut évidemment que cette répétition, cet enrichissement, ce renouvellement soient féconds : "Papa et Maman 2" démarre superbement par une longue scène (largement en plan séquence - un peu mal fait, quand même, Bourboulon n'étant clairement pas un maître en la matière...) exposant une situation absurde et rapidement malaisante, dont on savoure déjà les conséquences drôlatiques et absurdes... mais que le film échouera largement à exploiter. On rit quand même beaucoup devant les mésaventures gênantes de "Papa" et "Maman" plutôt bien croqués par un Laurent Lafitte et une Marina Foïs très à l'aise dans le registre de l'ambiguïté tour à tour méchante et séductrice, mais le virage à mi-parcours du scénario, enfermant les personnages dans une habituelle comédie du remariage prévisible et très peu inspirée, désamorce la mécanique du film. Échouant de plus là où on l'attendait le plus, dans la création d'une véritable scène de chaos intégral en forme de fin paroxystique, Bourboulon ne nous livre qu'un film insignifiant là où on aurait aimé que le malaise ou la folie (ou les deux) l'emportent : une fois de plus, la pusillanimité du cinéma populaire français qui préfère toujours le confort facile de son public le condamne à l'insignifiance. [Critique écrite en 2016]