Avec Papillon, Franklin James Schaffner plongeait le spectateur dans l’atrocité du bagne de Cayenne et brossait le portrait éblouissant d’une grande figure héroïque, injustement condamnée à perpétuité, et obsédée par l’évasion. Ou quand une idée fixe, une détermination farouche, constitue le sens d’une vie. Une réussite majeure dans l’histoire du septième art, qui aborde les thèmes de l’endurance, de l’abnégation et ce qui peut lier deux hommes au-delà de leurs épreuves et souffrances communes.

Il y aurait beaucoup à dire sur la véracité des faits rapportés dans le livre d’Henri Charrière, qui a fortement inspiré Papillon, mais ce serait passer à côté du sujet. Ce qui forge l’intérêt du long-métrage, ce qui lui donne son élan vital, c’est l’incroyable persévérance du personnage principal, dit “Papillon”, incarné par un Steve McQueen n’ayant pas hésité à subir les affres d’un tournage difficile dont l’objectif était de rendre compte de l’enfer tropical des geôles de la Guyane française.

Les forces et limites de la détermination

Le cinéma regorge de personnages à la détermination extraordinaire, les menant parfois à une échappatoire, parfois à une déperdition. Les Évadés expose les deux facettes de l’espoir en prison : une chose dangereuse, qui peut rendre un homme fou, ou le moteur qui maintient en vie. Papillon met en lumière ce pari risqué qui consiste à faire de l’évasion sa raison d’être. Car le contexte pénitencier n’est ici qu’un cadre qui sert à raconter la trajectoire d’un homme capable de mourir plutôt que d’abandonner son idée fixe, son objectif suprême, son ultime délivrance.

Lorsque l’on est enfermé, penser à s’évader, s’imaginer ailleurs, constitue déjà une petite évasion en tant que telle. C’est s’extraire du moment présent, se projeter vers un futur qu’on espère salvateur, malgré les différents risques et dangers auxquels on doit s’attendre. “Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve”, disait le poète Hölderlin.

De ce point de vue, le long-métrage n’hésite pas à montrer les conditions de détention particulièrement inhumaines du système pénitencier de la Guyane française : brimades, travaux forcés, tortures physiques, isolement dans l’obscurité, privation de nourriture, etc.

Du désir de fraternité

Mais il serait injuste de réduire Papillon à une succession de sévices et de châtiments. Le film est aussi, et surtout, l’histoire d’une amitié émouvante, de celles auxquelles on se raccroche quand tout devient difficile.

À côté de Papillon, Dustin Hoffman incarne Louis Delga, un faussaire dont la fortune peut être utile. Chacun est pour l’autre un alter ego. La finalité pratique de leur entraide ne représente qu’un détail dans ce qui compte avant tout, c’est-à-dire la relation fraternelle, inconditionnelle, qui les lie.

Une scène clef voit Papillon risquer sa vie pour celle de Louis, alors que leur amitié n’est encore qu’à un stade embryonnaire.

Ce dévouement, ce sens du sacrifice, cet abandon de soi pour satisfaire l’intérêt de l’autre, participe à faire de Papillon une grande figure héroïque à laquelle le spectateur peut s’attacher.

On dit qu’il existe des preuves d’amours. Il y en a aussi pour l’amitié.

Mise en scène et perspectives

Sur le plan formel, Papillon est à la fois simple et soigné. Les plans en extérieur profitent d’une belle photographie, mettant en avant la faune et la flore de Guyane. À l’isolement, le film adopte le regard subjectif de Papillon, afin de susciter le malaise. Dans une scène de rêve particulièrement réussie, la caméra exploite de grands espaces, de grands axes, à travers un décor particulièrement épuré, qui contraste avec les environnements à la végétation sauvage.

(...)

Pour lire la critique complète : https://www.lemagducine.fr/cinema/papillon-lenfer-tropical-10066063/

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OkaLiptus
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le 31 déc. 2023

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Oka Liptus

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