Le temps, le hasard et l'ennui : ces murs qui vous enferment et vous pétrissent ...

Si on a l'audace de mettre McQueen et Hoffman dans un même film, on se doit de réaliser l'attente extatique du spectateur qui bave, au regard lubrique à cette annonce ...

On pourrait d'ailleurs y arriver avec cette procession de bagnards sous le coup du regard accusateur ou suppliant de la foule, puis du soleil brulant de la Guyane française, l'ambiance moite, l'appréhension tout d'abord qui fait place à la peur elle-même mais surtout la persistance, malgré l'érosion du temps et du calvaire, de cette idée fixe de Papillon : il doit s'enfuir, ce bagne ne le libérera pas, il ne fera que le vieillir, le pourrir et le briser comme un fruit trop mûr au soleil que les passants foulent d'une cruauté consciente ou de leur navrante inconscience.

Tout le film est centré sur cette idée de Papillon, comment est-ce qu'elle l'amène dans la voie du bien, dans la voie du mal, dans l'association avec un binoclard, avec un espagnol, à fréquenter des bonnes soeurs et des indigènes, à se briser sans cesse telle la vague sur le rocher, à s'approcher vainement de cette flamme, de cet espoir, nous assistons à la cruelle et lente brulure de ses ailes ...

L'évolution, la dégradation, la déchéance, se fait par étapes, se faisant d'autant plus sentir quand elle suit une pause qui a pu nous faire croire à une stabilité du moral de nos protagonistes. Elle se fait ressentir à travers de nombreux détails (la démarche, le sourire, la vitesse et surtout le rythme de plus en plus mécanique) qui, disséminés, renseignent le spectateur et le plongent dans l'ambiance.

Cette lenteur bien utilisé, parfois, se fait toutefois lourdement sentir dans ce film qui ne veut pas se finir, qui nous inflige toujours plus de souffrances, accompagnées dans la plupart des cas par une musique un peu douçâtre et insipide. Quelques scènes un peu clichées mais dans l'ensemble une bonne réalisation portée par le duo principal. Papillon s'en sort plutôt bien mais reste toutefois trop classique dans son scénario : beaucoup de bave pour peu de contenu, comme dirait sans doute Urgus Tabarovitch "l'attente est une eau claire dont le froid peut surprendre et noyer d'autant plus celui qui est innocent ou naïf dans l'inconsidérée baignade de printemps" et cela même si on est en été, on ne peut nier qu'après un séjour au soleil, me voilà refroidi ...
Cmd
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le 16 août 2012

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