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Auréolé des succès coup sur coup de Planet of the Apes et Patton, Schaffner se voit donner les rênes pour adapter l'œuvre semi-autobiographique de Henri Charrière. Une œuvre sur l’essentialisation de la liberté qui doit être une fin en soi, peu importe les obstacles parsemés sur la route. Papillon, ou un tatouage qui symbolisait chez bagnards et marins un message d’envol vers des cieux plus cléments, vers une beauté délicate loin de la hargne des hommes.


Nous sommes donc plongés dans les années trente, en Guyane française. Moiteur ambiante, maladies rampantes, et corruption grouillante sont le quotidien des pauvres hères qui y sont balancés. Ici pas de gardien sadique comme on peut en voir dans moult films carcéraux, mais un système qui usine ses prisonniers sans jamais chercher à les réhabiliter. Un environnement naturel aussi hostile qu’il est majestueux comme barreaux de cages, où chaque rencontre humaine peut s’avérer aussi opportune que fatale.


Mais Papillon ne reculera devant rien pour prendre la tangente. Il est entêté et fait de la liberté une profession de foi, ironique lorsque l’Eglise prétendument charitable le trahit. Papillon, c’est Steve McQueen dans l’un de ses meilleurs rôles, habité, à contre-emploi du cool auquel il est habituellement rattaché. Face à lui, le faussaire Louis Dega (Dustin Hoffman en plein ascendance), plus pragmatique et réaliste, et donc détaché de toute illusion d’un ailleurs, en proie à l’effroi de sa condition. Leur amitié se délie des intérêts initiaux pour former une fraternité qui transcende le contexte. Dans cet enfer suintant, seul le lien social se pose comme barrière face à la folie du désespoir.


Quant à celle dont Eluard écrivait le nom partout, Papillon y aura le droit à mi-parcours. Une parenthèse onirique, ancrée dans le mythe du bon sauvage, où les aspirations simples de cet homme sont mises en avant. Un Eden intouché par la main occidentale et ses processus qui broient l’individu, qui permettent au protagoniste de se souvenir de l’inégalable goût de cette liberté. Un miracle qui lui donnera la force de continuer à croire, de ne jamais abandonner.


Le film est à part dans le genre, ne s’entichant pas des poncifs habituels pour proposer un récit sans chichis, où les mots comme les images vont à l’efficacité et à la justesse, jusqu’à l’ultime battement d’aile.


Créée

le 23 oct. 2024

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Frakkazak

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