Ce sont quatre histoires d'amour, ou plutôt quatre ébauches d'histoires d'amour dans autant de villes différentes, sortes de tentatives par lesquelles Antonioni cherche à fixer l'essence du sentiment amoureux avant que, fugitive, elle ne s'échappe.
Construits quasiment sur un même modèle -une rencontre puis une séquence charnelle (hormis dans la dernière histoire où
Irène Jacob se donne...à Dieu plutôt qu'à Vincent Perez)
- ces récits décrivent la relation éphémère, inaboutie, entre deux amants qui se quittent aussitôt qu'ils se sont rencontrés.
Romantique, réaliste ou abstrait, chacun de ces moments témoigne de l'indicible, du volatile sentiment amoureux et de la volupté qui le concrétise. La sensualité et la lenteur du geste caractérisent pour l'essentiel l'affectation de la mise en scène. Les images sont soignées et épousent très bien le hiératisme du récit.
Mais le cheminement mélancolique du personnage de John Malkovich, réalisateur de films et double d'Antonioni, conteur ou acteur de ces chroniques, ne produit et ne fait passer aucune émotion profonde. Antonioni, probablement conscient de l'incapacité du cinéma à déceler totalement l'imperceptible, donne une image formelle de l'amour, artistique mais vaine; si bien que l'exercice de style devient monotone.