Grangier et les années quarante, pourquoi pas, il faut bien commencer quelque part, déjà à l’aise dans une charmante petite comédie autour de Bourvil, vous savez, un de ces films comme il y en avait aussi pour Fernandel où à un moment impromptu le film s’arrête à demi pour leur laisser le temps de pousser la chansonnette… Ici, c’est la fameuse rumba du pinceau, merveilleusement intégrée à l’ensemble, petit moment de légèreté supplémentaire que je suis bien loin de bouder.
Bourvil est Pilou, il a quitté son Calvados (le département normand, pas la bouteille…) depuis six ans à la recherche de son amour de jeunesse monté à la capitale, il est peintre en bâtiment et profite de l’élasticité de sa conscience professionnelle pour étendre sa quête auh heures de bureau…
Chargé d’une façade sur les quais de la Seine, notre bon bougre découvre dans une des nombreuses fenêtres soumises à son examen attentif comme une doublure de la femme aimée, Suzy Delair qui a déjà bien d’autre soucis avec son amant d’à côté, celui qui veut épouser la fille du deuxième qui fricote avec le peintre du troisième, celui qui bosse pour le publicitaire du rez-de-chaussée…
Et tel un faux-candide sans trop de vergogne, Pilou vient apporter le chaos dans ces vies bien rangées à la recherche de son apaisement personnel. Fort qu’il est d’une exceptionnelle liberté de mouvements dans son échafaudage mobile, notre cupidon enamouré lance ses dards un peu partout quitte à s’oublier au passage… C’est fou ce qu’on peut apprendre d’une fenêtre ouverte et d’un cœur fermé quand on y pense…
C’est aussi frais qu’ensoleillé, ça virevolte avec douceur et c’est surtout affreusement charmant du début à la fin.